Archive pour la catégorie ‘Vidéos’
Un film trés mafias.fr
Sortie le mercredi 9 septembre
« Dans une petite ville bulgare, Nadia, enseignante d’anglais, cherche à confondre un de ses élèves qu’elle soupçonne de vol, en rappelant à la classe les principes moraux de la vie en société. Au même moment, de lourdes difficultés financières menacent sa famille. Déterminée à garder la tête hors de l’eau, elle tente par tous les moyens de collecter l’argent nécessaire avant qu’il ne soit trop tard. Jusqu’où ira-t-elle pour sauver sa famille ? »
Un film émouvant, fin et une critique féroce d’un monde corrompu.
Itv Europe1 : armes en France
Les armes en sont pas si faciles à trouver 🙂 Itv Europe1
Un livre sur Giovanni Falcone
Un grand merci à l’auteur qui a offert ce livre à mafias.fr, vainqueur du prix Falcone 2014. Au début, je n’étais pas à l’aise avec le style du livre. C’est trés bien écrit mais j’étais géné.
J’ai compris que l’auteur faisait parler un martyre de la lutte antimafia. Je m’y suis fait.
Au fil de la lecture, cela s’est dissipé. J’ai réussi à rentrer dans ce livre qui magnifie le magistrat Giovanni Falcone (cf.23 mai 1992 : la mafia tue Giovanni Falcone).
L’auteur s’est fortement documenté et il n’y a aucune approximation hsitorique. Une oeuvre utile comme ce Rap Antimafia
ou ce livre Les derniers mots de Falcone et Borsellino
Belgique : crime organisé et représentations
Saisi d’une demande de la part d’un étudiant en 4eme Année à l’ESAV Marrakech qui a réalisé un court métrage sur une figure méconnue du banditisme belge Mr Philippe Marcette, je vous propose ce teaser.
Auditeur lors d’une recherche empirique trés importante sur le crime organisé en Belgique (menée par l’université de Bruxelles), j’ai pu contaster scientifiquement l’importance du crime organsié en Belgique. Cette étude est venue confirmer mes propres constatations empiriques faites lors de nombreux voyages. Je note aussi qu’en Belgique, on aime à parler des organsiations criminelles étrangères mais trés peu des autres…
L’auteur de ce court métrage cherche des partenaires pour voir plus grand 🙂 Un tour de table? 🙂
Philipe Marcette, ancienne figure méconnue du banditisme belge et du trafic de drogue, n’était pas destinés à cette vie. Adopté par une des plus grandes familles bourgeoises belges, son mode de vie ne le comble pas. Il lui faut autre chose, quelque chose de plus fort, de plus vivant et de plus exaltant. Très jeune il fonde son groupe, « les blousons dorés », des petits rois du cambriolage. Par la suite, il fera son apprentissage en prison où les gangsters deviendront sa nouvelle famille. A sa sortie, il réussit ses premiers braquages, et son instinct d’honneur lui fait gagner ses premiers galons. S’ensuit le trafic de cocaïne, qui rapporte plus gros à chaque livraison et qui se conclura par un démantèlement d’un vrai réseau international quelques années plus tard. Au fur et à mesure une addiction se crée et la cocaïne devient son quotidien. A l’âge de 54 ans, on dit de lui qu’il est un miraculé, et il essaye de se reconstruire dans un mode vie normale, mais arrêtez n’est pas guérir.
Procés Orsoni : Mafias.fr sur TF1
Dans le cadre du procés « Orsoni and co » qui débutait à Aix en Provence, TF1 a interviewé Mafias.fr. 15 minutes de parole pour 3 secondes d’antenne.
J’aurai préféré qu’on garde le passage : « l’enjeu du procés pour la justice est d’arriver à condamner des criminels professionels notamment pour assassinat (meurtre avec préméditation » ou bien « qu’il s’agit aussi d’une lutte pour le contrôle d’affaires légales« . Mais au lieu de cela, le jounaliste n’a gardé » que de l’illégale…«
Cliquez : chapitre 6 minute 9.54
Le statut de repenti : la solution au problème corse ?
Le texte de loi existe, il faut juste signer le décret d’application mais voilà pour des prétextes fallacieux de coût, on attend depuis 2003. Il faut dire que le « repenti » a mauvaise presse. Inventé par les journalistes transalpins, le mot « repenti » à connotation religieuse n’a aucun sens dans la lutte contre le crime organisé. Les repentis […]
Inchiesta du 24/10/12 – « Violence, un mal corse » L’assassinat d’Antoine Sollacaro est le 15ème de l’année en Corse. Ce drame a suscité d’importantes réactions dans le monde judiciaire, mais aussi politique dans l’île et sur le continent et ce jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Comment enrayer cette situation ? Les solutions proposées par le gouvernement sont-elles […]
Ça Vous Regarde : le débat : Corse : une île à la dérive ?
La République peut-elle encore sauver la Corse de la spirale mafieuse dans laquelle elle s’enfonce?
Vendredi 19h30 : Razzia sur la Corse?
Vendredi 6 juillet dés 19h30 pour apéritif anti-mafia ETHICANDO 6 rue de la Grange aux Belles 75010 Paris Métro Bonsergent, République, Gare de l’Est… Hélène Constanty présentera le livre RAZZIA sur la Corse Des plasticages à la folie spéculative
Invité de l’émission Inchiesta de France 3 Corse (cf. Corse : mafia ou pas mafia? That is the question!, mafias.fr a tenté, autant que faire se peut, de ne pas faire l’amalgame avec ce qui se passe en Corse (« une dérive mafieuse ») et la situation italienne. Mafias.fr s’intéresse à la Corse (cf. Un deuxième élu […]
Mafias.fr sur France24 : Camorra reine de la fausse monnaie
Un trés bon reportage sur France24 :
« Selon les autorités italiennes, la grande majorité des faux billets d’euros en circulation dans le monde sont produits en Italie (là, ils abusent un peu:-)
C’est dans la région de Campanie, dans le sud du pays, que les faussaires ont développé un réel savoir-faire dans la falsification monétaire (oui comme pour les sacs de luxe…)
Pour les autorités italiennes, le défi est d’identifier les réseaux et leurs ramifications internationales qui pourraient menacer la stabilité de la monnaie unique » (ha bon? C’est pas la finance criminelle le problème?)
Heureusement, il y a la sauce tomate antimafia : enjoy
Mafias.fr au JT de France2 : gangs roumains
Le jeudi 13 novembre 2014, l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) et les gendarmes de la section de recherches (SR) de Versailles ont procédé à l’arrestation de membres d’un vaste réseau spécialisé dans le vol de matériel high-tech dans des magasins. L’opération fut simultanée simultanée en région parisienne et en Roumanie (9 interpellations à Paris, dans le Val-d’Oise et les Yvelines et 12 autres par la police roumaine)
9 mois d’investigations, une coopération exemplaires pour arrêter un gang est soupçonné de plusieurs dizaines de cambriolages de magasins multimédia et vols de fret pour un préjudice estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros. L’objectif sont les produits à forte valeur ajoutée, le numérique et le luxe.
En France, les gangsters vivaient sans signe extérieur de richesse avant d’acheter en Roumanie des berlines allemande et des maisons de standing à des fins de blanchiment.
Mais, dans cet interview mafias.fr défends l’idée que ces nouveaux gangsters en France sont dans une phase d’acculumation du capital vers d’autres trafics.
En éspérant qu’un jour, on confisquera leurs biens pour les réutiliser socialement (cf.L’arme qui peut tuer le crime organisé)
Car ce qu’on ne dit pas c’est que la justice française confisque des biens aux gansters roumains en France et que la France les revend au lieu d’en faire des lieux d’intéret général. En Roumanie, la justice confisque mais personne ne rachete le bien car le crime organsié menace… Alors à quand une loi d’usage sociale des biens confisqués dans tous les pays européens (exemple Italie : Mucchielli)?
Mafias.fr sur M6 : la cocaïne sur le Costa Concordia
Fraude, corruption, blanchiment. L’Europe braquée en permanence.
Compte rendu du colloque de l’année : Journées d’étude : citoyens contre criminalité économique
15 juillet 2014 | Par Bernard Leon – Mediapart.fr
La situation en matière d’évasion fiscale, de fraude et de criminalité financière en Europe, des mots qui recouvrent une réalité à plusieurs facettes, vous semblait, bien que lointaine, alarmante. Elle est en fait catastrophique. C’est l’avis des nombreux spécialistes qui se sont réunis à Paris à l’invitation d’Alternatives Européennes, une association qui travaille pour l’innovation des pratiques démocratiques, dans le cadre du projet « Tackling Illegal Economy ».
Les risques sont sérieux pour la démocratie, la santé des Etats, l’avenir des échanges économiques.
Cela tient, comme l’a rappelé le Magistrat Jean de Maillard, Vice-président du TGI de Paris et auteur de « L’arnaque », publié chez Gallimard, au fait qu’une criminalité différente des maffias est désormais ancrée au coeur du système économique mondialisé, dont elle est devenue la variable d’ajustement et de régulation. Et ceci, il ne faut pas se le cacher, avec la complicité, ou au mieux l’indifférence, des gouvernements.
Plus l’économie va mal, moins les gouvernements ont les moyens d’agir. « Quand le système devient compliqué, le politique se retire et la finance prend le relais. Et plus la finance s’étend, plus la fraude prospère. Mais si la fraude devient systémique les institutions ne peuvent plus réagir. Et on en arrive à ce que les banques soient au dessus des normes, au dessus de la loi ». Trop grandes pour faire faillite, comme on dit. Trop grandes pour aller en prison également. Too big to jail.
Ce n’est pas une raison a dit Fabrice Rizzoli, (FLARE France), auteur du « Dictionnaire énervé des mafias », de parler du problème de manière fataliste, car il est possible, les italiens nous l’ont prouvé ces dernières années, de réagir.
Il prône donc au niveau européen ce qui a été réussi en Italie, la confiscation des patrimoines criminels au bénéfice de la communauté. (cf. Mucchielli)
Le voyage du Pape en Calabre a d’ailleurs mis en lumière la chose, puisque sa dénonciation de la maffia a permis de mettre les projecteurs sur Don Panizza, un prêtre qui a osé reprendre en 2002, à la demande du préfet, un immeuble de 3 étages confisqué par l’Etat à un clan familial de la maffia. Il en a fait un centre d’accueil pour mineurs en difficulté et adultes handicapés.
Voir reportage ci-dessous :
Mais il y a bien d’autres exemples, comme ces coopératives agricoles en Sicile exploitant les biens confisqués à la maffia dans le cadre de la loi de 1996.
Voir reportage ci-dessous
Une confiscation qui s’applique également aux complices des condamnés, ou encore à des personnes en possession de biens dont le caractère illicite des processus d’acquisition est avéré.
Voir reportage ci-dessous :
Fabrice Rizzoli rêve d’ailleurs tout haut de tenir une conférence sur le sujet dans la maison de Cahuzac en corse ou dans la villa de Ziad Takieddine. (Oui, celle avec la piscine là où se baignait J.F. Copé).
Un cancer au cœur de l’Europe.
Mais en amont des poursuites et des saisies il faut pouvoir enquêter en Europe. « Sauf qu’il manque toujours un parquet européen », dit Vittorio Agnoletto (Ancien membre du parlement européen). D’où la difficulté à poursuivre ceux qui fraudent ou qui sont complices de ces fraudes. Ce peut être un fonctionnaire européen, un fonctionnaire d’un des 27 pays membres gérant un fond structurel, ou encore une organisation criminelle de fraude. Sur la TVA ou les cotas de CO2 par exemple. Le trésor Français aurait perdu sur ces derniers 1,6 milliards d’euros, et l’Europe verrait s’envoler 100 milliards d’euros par an pour cause de fraude à la TVA.
Il existe bien depuis 1999 un Office européen de lutte antifraude, l’OLAF, pour enquêter. Mais le manque de coopération que cet office rencontre dans ses enquêtes, au sein des 27, et les failles juridiques nationales, constituent une entrave à son travail. Il ne lui est pas possible d’enquêter en Allemagne sur les fraudes à la TVA, par exemple.
Comme l’a dit Fabrice Rizzoli, on est aussi face à un flou sémantique ou administratif sur les notions de « légal » et « illégal ». D’ou parfois une difficulté à poursuivre efficacement.
Un rapport du Sénateur Eric Bocquet de 2012 n’a-t-il pas pointé que « la fraude fiscale des entreprises françaises était principalement sanctionnée chez de petits entrepreneurs, alors que les enjeux financiers étaient plutôt du coté des grandes entreprises ». Mais ces dernières, entourées de cabinets conseils, jouent sur toutes les failles que leur offrent les réglementations des Etats, et échappent facilement aux taxes et à l’impôt.
Une voie pour la réutilisation sociale : l’ESS.
Relayant l’intervention de Darina Zalmova, de l’université de Thrace (Roumanie), qui a montré que la corruption devait être combattue par la reconstruction d’une pensée collective et des pratiques sociales, Marcel Hipszman, ancien adjoint au Délégué interministériel à l’économie sociale, a mis en lumière, tout comme elle, la possibilité pour l’économie Sociale et Solidaire d’être un outil anti corruption en se voyant confié la gestion des biens saisis à la criminalité financière. Un vrai recyclage au profit de la population, sous forme de musées, coopératives, centres d’apprentissage, établissements de soins, accueils des immigrés, etc.
Voir reportage suivant :
Il a rappelé les opportunités ouvertes par la récente directive européenne du mois d’avril sur le gel et la confiscation des produits de la criminalité transfrontière organisée. Tout en regrettant que les applications de cette directive en matière d’utilisation sociale des biens confisqués ne soient pas obligatoires et laissées à la volonté des Etats.
A l’heure où la loi sur l’économie sociale est votée en France, l’idée est à creuser.
Il a également rappelé que la France possède une « Agence de gestion et recouvrement des avoirs saisis », regrettant aussi que le gouvernement ait annoncé que la question de la réutilisation à but social des biens confisqués serait discutée ultérieurement. Comme quoi on peut être un gouvernement de gauche et timide sur l’innovation juridique et sociale en matière de lutte contre la criminalité financière.
Un combat politique, social et culturel.
En fait, les intervenants l’ont tous dit, c’est bien là, sur le terrain politique, que doit être menée la vraie lutte citoyenne d’innovation démocratique. Un combat également culturel.
Ce qu’a bien montré le débat sur la presse d’investigation, réunissant plusieurs journalistes européens, dont Dan Israel de Médiapart.
Si les choses semblent évoluer positivement, notamment grâce à la presse sur internet, les journalistes, s’ils sont confrontés à plusieurs difficultés, dont celles consistant à faire le tri des acteurs et des documents, doivent aussi faire face à la difficulté à vendre leur sujet contre la criminalité financière. En dehors de quelques affaires phares, il est plus facile pour un media de dramatiser un fait divers que de dérouler dans ses colonnes ou ses journaux télévisés les cheminements tortueux d’une fraude à la TVA, dont les montants sont pourtant vertigineux et lèsent les citoyens directement. Il faut donner du temps aux journalistes d’investigation. Les enquêtes sont longues, le recoupement des témoignages et la consultation d’experts nécessaires chronophages.
Mais la première difficulté vient, il ne faut pas avoir peur de le dire, des institutions, notamment bancaires. C’est par les banques que passe l’argent de la criminalité maffieuse, rapporte Marius Frunza (Université Paris 1).
L’exemple de la banque anglaise HSBC qui a payé près de 2 milliards de dollars afin d’échapper à des poursuites aux Etats-Unis pour avoir blanchi l’argent des cartels de la drogue entre 2003 et 2010 en témoigne. En notant au passage que le patron de la banque pour la période incriminée est devenu en 2010 ministre de David Cameron. Humour anglais. Isn’t it ?
Alors que faire ? Les réponses ne peuvent être qu’internationales. Mais que fera l’Europe, présidée sous peu par l’ancien premier ministre d’un paradis fiscal, le Luxembourg ? Que fera le Parlement européen ?
Restent aux citoyens à faire pression. Au travers d’associations comme Euroalter, ou Libera en Italie, dont le but est clairement de s’insurger et d’agir contre les maffieux, et qui regroupe 1600 associations locales et internationales.
Itv JOL Presse : antimafia
Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press
Selon les chiffres d’un insitut statistique italien, la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, aurait engrangé 53 milliards de chiffres d’affaires sur l’année 2013: des entrées d’argent équivalentes à celles générés par la Deutsche Bank et McDonald’s réunis. Quelles sont les activités criminelles les plus fructueuses de cette puissante mafia? Quels sont les moyens développés par l’Italie pour la combattre? Explications de Fabrice Rizzoli, spécialiste de la criminalité organisée et des mafias, auteur du «Petit dictionnaire énervé de la mafia».
JOL Press : Selon les chiffres diffusé par institut, la‘Ndrangheta aurait engrangé 53 milliards de chiffres d’affaires sur l’année 2013. Quelles sont les activités criminelles les plus juteuses pour la mafia calabraise ?
Fabrice Rizzoli : La mafia calabraise engrange des milliards. Le trafic drogue est le premier facteur d’accumulation du capital : cela représente environ 40% des fonds engrangés par la mafia calabraise qui a fait du trafic de cocaïne sa spécialité. L’un des plus grands ports européens de transit de marchandises se trouve en Calabre : un atout majeur pour son trafic. Au-delà de la cocaïne, il y a des cultures de cannabis énormes en Calabre. Concernant les autres trafics, figurent la contrebande, le racket, et surtout les revenus de l’économie légale, puisque la mafia calabraise, comme la plupart des autres mafias blanchit son argent dans l’économie légale, et gagne de l’argent. Rappelons que la mafia calabraise est aujourd’hui la plus puissante des quatre mafias italiennes : elle génère plus d’argent car elle a plus de membres et moins de collaborateurs de justice, ces mafieux qui sortent du clan et qui témoignent devant la justice. Jusqu’en 1990, l’Etat italien a également concentré ses efforts sur la mafia sicilienne et moins sur la mafia calabraise.
JOL Press : En quoi la mafia calabraise freine-t-elle le développement économique de la région ?
Fabrice Rizzoli : Si l’on croit à l’économie de marché, et que l’on estime que l’un des points cardinaux de cette économie de marché repose sur la concurrence – qui permet de faire baisser les prix et de donner sa chance à tout le monde – on s’aperçoit que la mafia « tue » la concurrence. Un honnête entrepreneur qui veut créer un magasin de chaussures, n’a pas commencé à mettre la première pierre qu’il devra déjà verser de l’argent à la mafia. Les personnes ou entreprises qui refusent de payer, voient leur tracteur volé ou leur hangar brûlé. Ce climat-là ne peut pas être propice au développement économique de la région défavorisée. Un énorme flux d’argent sale circule mais le niveau industriel et le niveau de service sont extrêmement faibles. L’état des routes est pitoyable, sans parler de celui des hôpitaux… Dans un pays riche – cinquième puissance industrielle au monde et la troisième en Europe – l’Italie du Sud affiche pourtant un développement extrêmement bas : la mafia y restreint les initiatives individuelles, freine l’esprit d’entreprendre, fait souffrir les entrepreneurs, et rend complice les comptables, les banquiers, les avocats…
JOL Press : Combien la mafia calabraise compte-t-elle aujourd’hui d’affiliés ? Est-il facile de l’infiltrer ?
Fabrice Rizzoli : Selon mes sources, la mafia calabraise regrouperait aujourd’hui 7500 affiliés. La mafia calabraise comporte une spécificité par rapport aux autres mafias : pour y entrer il faut avoir un lien de sang : il faut être fils de, frère de, ou marié à la fille ou encore à la soeur d’un mafieux. Par les enfants communs, les sangs des deux familles –celle qui n’était pas de la mafia et celle qui en faisait partie – se mélange et on accepte la filiation.
Il faut savoir que l’on n’ « infiltre » pas les mafias. Il existe cependant des méthodes qui permettent de connaître la mafia : le témoignage de l’intérieur. Ceux qui ont une carrière professionnelle de mafieux pendant dix, quinze ans, sont protégés par la police, mais témoigner sur tous leurs avoirs, déclarer tous leurs biens, sinon ils perdent leur protection. Environ 3000 mafieux sont sortis du système depuis 1991 : ils témoignent à tous les procès, répondent aux journalistes et aux chercheurs. On connaît très bien le phénomène mafieux, mais un peu moins, la mafia calabraise, car nous avons moins de collaborateurs de justice.
JOL Press: Le Pape François s’est lancé dans une véritable lutte anti-mafia, en appelant à la mobilisation de la population. Comment l’Etat italien combat-il concrètement la mafia ?
Fabrice Rizzoli : L’Italie a les meilleurs outils juridiques au monde pour lutter contre la mafia, de telle sorte qu’une commission parlementaire européenne a travaillé pendant 18 mois et a demandé aux Etats membres de s’inspirer de l’Italie. On parle de la mafia italienne, mais on ne parle pas beaucoup des autres mafias en Europe. La mesure phare mise en place par le gouvernement italien vise à confisquer des biens et les redonner à la société civile. En Calabre, le terrain agricole d’un mafieux est ainsi transformé en une coopérative qui produit des olives. Il faut savoir que les mafieux préfèreraient être jetés en prison plutôt qu’on leur confisque leurs biens. Pour eux, la prison est une épreuve de virilité. « Quel homme d’honneur serais-je si je ne jamais fait un jour de prison ? » disent-ils. Ils détestent qu’on leur confisque leur bien, mais encore plus lorsque ceux-ci ont été transformés en associations, centres culturels, coopératives : car l’Etat arrive à montrer qu’il est plus fort que le pouvoir mafieux. La confiscation sans condamnation pénale du propriétaire est la clé de la lutte anti-mafia.
JOL Press: Les mafieux arrivent-ils vraiment à se repentir ou bien le risque de rechute est-il élevé ?
Fabrice Rizzoli : Il y a extrêmement peu de rechute en Italie, puisque c’est de l’ordre de 5%. Il arrive que certains mafieux craquent psychologiquement sur leur nouvelle vie – à force d’être isolés dans le nord de l’Italie, dans une petite commune, à gagner 1200 euros par mois alors qu’ils brassaient des centaines milliers – et qu’ils rechutent en faisant un trafic par exemple. Mais lorsqu’un mafieux a quitté son clan, témoigné contre lui, c’est extrêmement dangereux pour lui de retourner dans sa ville d’origine de tenter de reprendre le pouvoir mafieux. Certains l’ont payé de leur vie.
JOL Press: Comment expliquer l’implantation de la mafia italienne en France : est-ce juste un lieu de repli ou est-ce également un lieu de blanchiment ?
Fabrice Rizzoli : La France est effectivement un lieu de refuge pour la mafia italienne. Dans les années 80, lorsqu’il y avait des guerres de mafias calabraises qui ont fait des milliers de morts, des mafieux venaient se réfugier en France pour ne pas être assassinés, ni se faire arrêter par la police italienne. Ils profitaient ainsi de la diaspora puisqu’il y a une très grande communauté calabraise sur la Côte d’Azur. Ils peuvent faire du trafic : l’année dernière, un laboratoire de cocaïne a par exemple été démantelé sur les hauteurs de Nice. Les mafieux italo-français ont donc le monopole de l’approvisionnement de la cocaïne sur la Côte d’Azur et dealent avec les cités françaises. La France est également une terre de blanchiment.
Mafias italiennes et grandes surfaces… par fabricerizzoli
Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press
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Fabrice Rizzoli est docteur en science politique, spécialiste de la criminalité organisée et des mafias. Il a été secrétaire général de l’Observatoire géopolitique des criminalités de 2008 à 2012 et est responsable du bureau FLARE Network France. Il intervient régulièrement comme conférencier sur ces thèmes et a écrit Le petit dictionnaire énervé de la mafia, Les Editions de l’Opportun, 2012.