Articles avec le tag ‘infiltration dans l’économie légale’

Mafias.fr sur M6

Le carrosse apportant le cercueil de Vittorio Casamonica jusqu'à l'église Don Bosco, jeudi 20 août.

Choc après les funérailles d’un « parrain » mafieux à Rome

« J’ai conquis Rome, je vais désormais conquérir le paradis. » La citation s’inscrit en lettres sombres, devant un décor kitsch montrant dans le couchant le pont Saint-Ange, le Colisée et la basilique Saint-Pierre, et, incrusté dans le coin droit, un portrait du chef du clan mafieux des Casamonica, Vittorio Casamonica. Le photomontage, imprimé sur une bannière de quelque trois mètres de large, ornait l’entrée de l’église San Giovanni Bosco où ont eu lieu, jeudi 20 août, les funérailles du parrain d’origine sinti, mort d’un cancer à l’âge de 65 ans. Lire la suite

L’intervention de Fabrice Rizzoli sur M6 :

Mafias.fr à Bruxelles : « Il faut affecter les biens confisqués à un usage social ou culturel »

rizzoli mafia antimafiaL’association « Culture contre la Camorra », contre la mafia napolitaine, organisait les manifestations autour de la semaine de la lutte contre le crime organisé à Bruxelles (cf. programme). Au sein du Comité économique et social européen, l’association antimafia italienne frappe fort en invitant de grands spécialistes comme Gherardo Colombo, magistrat de la célèbre enquête « Mains propres » en Italie qui voit un tiers de la classe parlementaire mis en examen entre 1993 et 1995. Il faut dire qu’en Italie, les procureurs sont indépendants (nomination par le CSM, obligation de l’action pénale et séparation entre le magistrat qui enquête et celui qui décide d’un procès), tout l’inverse de la France avec un procureur, nommé par l’exécutif, qui peut décider seul de ne pas poursuivre sans avoir à se justifier (cf. « Des armes à l’italienne contre le crime organisé et plus si affinités »)

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F. Rizzoli, le Maire de Casal di Principe, F. Ianniello…

Mafias.fr représenté par Fabrice Rizzoli spécialiste du crime organisé (cf. Séminaire Sciences-Po Paris) et président de l’association Crim’HALT, fit 4 allocutions en 2 jours.

Federal Credit Unions in the District of USA.

Mafias.fr a défendu La redistribution, à des fins socio-culturelles, des biens confisqués (cf. article référence). L’usage socio-culturel des biens mal acquis est l’unique moyen d’impliquer réellement les populations face à une prérogative régalienne. Seuls les magistrats et les policiers peuvent mettre les criminels en prison, privant de facto le citoyen d’un rôle pro-actif contre la grande criminalité. Conférences et autres manifestions sont utiles mais elles ne constituent pas une intégration de l’individu dans l’action contre les criminels professionnels. En revanche, si une association se voit confier l’appartement de l’ancien Ministre de l’Intérieur pour gérer la maison des lanceurs d’alerte, alors les citoyens deviennent pro-actifs contre les corrompus de tous bords.

Mafias.fr a cité Anticor, seule association à avoir compris le message envoyé par la commission européenne CRIM contre le crime organisé, la corruption et le blanchiment en ingérant dans son plaidoyer (article 19) l’usage social des biens confisqués.

Et il a présenté l’association Crim’HALT, jeune association pour l’usage social des biens confisqués.

rizzoli mafia antimafiaFabrice Rizzoli a présenté la situation du maire de Linguizetta, signataire de la charte éthique Anticor pour les élections municipales de 2014. Maire depuis 2008 et fervent protecteur du PLU d’une commune littorale touristique qui suscite les appétits du crime organisé, le Maire de Linguizetta subit menaces, pressions et mise à l’écart (cf. Le Monde). L’isolement le plus pernicieux est celui provoqué par les institutions… le contrôle de légalité des préfets étant très erratique sur le moyen terme. (cf. Tribune de Vincent Carlotti et Fabrice Rizzoli Le Monde).

Pour conclure :

Lutter contre le crime organisé, c’est lutter contre toutes les criminalités complexes

Lutter contre les criminalités complexes, c’est lutter contre le crime organisé

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Produits antimafias

Pour changer les lois, il faut changer les mentalités et, pour changer les mentalités, seule la redistribution à des fins sociales permet ce travail de moyen terme. Depuis l’instauration de coopératives agricoles antimafias en Sicile dans les années en 2000, il existe dans le berceau de la mafia un modèle de développement fondé sur la légalité démocratique. En 2012, des jeunes demandent un contrat de travail pour être embauchés dans l’agriculture! (cf. écoute téléphonique d’une mafieux qui se plaint d’une telle demande sur ces terres). En France, pays où la mafia n’existe pas… l’AGRASC saisit les biens du crime organisé mais aussi des corrompus et des évadés fiscaux :

Le terrain agricole d’un gangster corse doit devenir une coopérative d’huile d’olive (cf. France3 Corse)

La maison, en Corse, de l’ancien Ministre des Finances doit devenir une école hôtelière pour que les jeunes apprennent un métier

La maison des Balkany à Giverny devait devenir une école de la seconde chance

L’appartement de l’ancien Ministre de l’Intérieur aurait dû devenir le siège de l’association Anticor

 

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La mafia de A à Z : le livre « vendetta »

couv1-mafia18 mois après la sortie du Petit dictionnaire, il n’y avait déjà plus d’exemplaires… encore plus énervé -:)

Voilà la vendetta de mafias.fr, une revanche non violente 🙂

La mafia de A à Z

162 définitions
De A comme « Accumulation du capital » à Z comme « Zoomafia »

Un nouveau livre avec Tim Buctu éditions

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Mafias.fr à Montreuil : Retour sur le 1er salon des livres du lancement de l’alerte d’alerte

indexLe lendemain des attentats, dans un climat lourd et triste, les organisateurs du 1er salon du livre des lanceurs d’alerte « Des livres et l’alerte », dont Fabrice Rizzoli au nom de Crim’HALT, ont assuré la journée du 14 novembre 2015 afin notamment d’accueillir tous les invités qui s’étaient déplacés de province et de l’étranger, par exemple Erri De Luca.

La journée du 15 novembre a, quant à elle, été annulée.

Voici la lettre de remerciement des organisateurs :

« Il nous aura fallu plus d’une semaine pour émerger partiellement et réussir à vous écrire.

Avant toute chose nous nous inclinons devant les victimes de cette folie meurtrière en espérant que peu d’entre nous se trouvent touchés par la disparition ou les blessures d’un proche.

Après l’inqualifiable tuerie du 13 novembre et le drame pour des familles entières, pour des enfants, des parents et amis, l’annulation partielle du salon « Des Livres et l’Alerte » paraît bien peu de choses. Rien ne justifie et ne justifiera, où que ce soit sur cette planète, qu’un être humain décide de tuer aveuglément ou pas. Nous ne pouvons que mesurer l’ampleur des drames et des guerres avec leurs cortèges de morts. On peut toutefois s’interroger sur la profusion d’armes toujours plus meurtrières et sur les responsabilités.

Dans ce moment difficile pour tous, où nous sommes abasourdis, nous ne pouvions pas ne pas écrire un message relatant ce que vous avez permis par votre engagement. C’est peut-être aussi un message d’espoir, car il montre que nous pouvons faire, ensemble, de belles choses et organiser, ensemble, de
belles rencontres.

C’est au mois de mars 2015 que cette aventure a débuté. Nous avons évoqué au téléphone l’idée d’un salon du livre autour du lancement de l’alerte. Immédiatement, Gilles Bruey a recherché les livres qui pouvaient traiter de l’alerte et dans la foulée, l’idée du salon prenait corps. […]

Très rapidement, le 15 avril, nous avons contacté celles et ceux qui pouvaient établir les contacts rapidement en toute confiance, Fabrice Rizzoli d’Anticor, qui avec l’association a instantanément répondu présent, Michèle Rivasi également. Dans le même temps, nous testions l’idée auprès d’amis et de journalistes. […]

Nous avons assumé d’accueillir ceux qui se sont présentés. La tension est grande, l’émotion sur tous les visages. Le programme est bouleversé, nous tiendrons trois tables rondes sur les quatre prévues le samedi.

Florence Hartmann demande une minute de silence pesante, tendue. Vous nous adressez des messages d’encouragement, nous nous tenons chaud, mais la gravité de la situation est présente dans tous les esprits. La sécurité est assurée à l’entrée, mais une voiture est retrouvée à proximité.

Marion Larat sera distinguée pour son livre d’alerte « La pilule est amère », son rôle éminent dans le lancement de l’alerte et la révélation des risques de la pilule de 3e génération dont elle a été victime. Une émotion et un vrai message de reconnaissance de Michel Badré, venu rendre compte des échanges du jury qui n’a pu se réunir comme prévu. Émotion de Marion Larat, intervention pleine de sincérité et de courage.

Nous n’avions pas envisagé un tel épilogue pour ce salon plein d’espoir. Vous connaissez la suite, nous avons décidé de ne pas ouvrir le salon le dimanche. […]

Nous espérons simplement avoir été à la hauteur de vos espoirs au cours de ces huit mois de préparation. Comme chacun, nous sommes impuissants face à l’horreur et la folie. Nous nous inclinons devant les morts et les blessés, devant leurs familles et leurs amis.

Nous vous remercions pour votre engagement qui nous a permis de croire que ce salon aurait pu se tenir et être un succès. »

À voir :

Vidéo de la table ronde n° 1

– Vidéo de la table ronde n° 2

Vidéo de la table ronde n° 3

 

Itv RCFM Corse

mafia antimafia rizzoliLe 9 octobre 2015, au lendemain de l’audition de Mafias.fr devant par la Commission Violence de l’Assemblée territoriale, Marion Galland de RCFM radio invitait Fabrice Rizzoli, spécialiste des mafias et du crime organisé. Fabrice Rizzoli est l’auteur du livre « La mafia de A à Z » et a reçu le Prix Falcone des Droits de l’Homme en 22014. Il a fondé l’association Crim’HALT pour obtenir une loi dd’usage social des biens confisqués. 9 minutes pour un bilan de la situation en Corse et en France :

Mafias.fr auditionné par la Commission Violence en Corse

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Au milieu des produits antimafias

Le 8 octobre 2015, la Commission Violence de l’Assemblée territoriale invitait Fabrice Rizzoli, spécialiste des mafias et du crime organisé. Fabrice Rizzoli est l’auteur du livre « La mafia de A à Z » et a reçu le Prix Falcone des Droits de l’Homme en 2014. Il a fondé l’association Crim’HALT pour obtenir une loi d’usage social des biens confisqués.  Il est aussi le permanent d’Anticor. La Collectivité Territoriale corse est la « Région » en Corse. Elle se compose d’un exécutif avec son président, Paul Giacobbi (lien corruption), et d’une Assemblée avec un autre président Dominique Bucchini. Ce dernier a mis en place une commission de lutte contre la violence (Cf. janvier 2015). Pour cette dernière réunion de la mandature, il n’était plus question de violences faites aux femmes ou de violences à l’école mais de violences « économiques », celle des criminels professionnels (cf. Corse : mafia or not mafia? That is the question! ).

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Pas d’élus à la Commission

Mais, à part Etienne Bastelica (communiste et citoyen du Front de Gauche) et Dominique Bucchini, aucun élu n’est venu entendre les témoignages et les pistes proposées alors qu’ils étaient nombreux lors des autres sessions (cf. Corse matin, les élus sèchent…)

Les témoignages : Mme Bianconi  (association anti-racket) puis de Gigi et Jean-Jacques Ceccaldi, un couple d’entrepreneurs rackettés qui ont porté plainte mais dont le procès s’est soldé par une relaxe, furent émouvants (cf. FLARE France). Que de solitude face à une menace aussi forte ! Que le prix est élevé pour avoir fait valoir ses droits de citoyens! Les médias aussi avaient fait le déplacement. Soit comme speakers avec Thomas Brunelli, journaliste en Corse, et Salvatore Cusimano de la RAI-Sicile qui a envoyé une vidéo. Soit comme témoins avec la présence toute la journée de Corse matin et de Radio RCFM (itv du 9 octobre)

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F. Rizzoli, T. Brunelli, Gigi & JJ Ceccaldi

A la demande de la Commission, Fabrice Rizzoli a présenté une géopolitique critique des criminalités (cf. Séminaire Sciences Po Paris) :  « Il n’y a pas d’un côté une économie légale et de l’autre une économie illégale, mais une seule économie dont les composantes sont enchevêtrées et solidaires » cf. Atlas de mafias, ed Autrement, 2014, p. 19. La Corse, la France ou l’Europe sont au cœur d’un système politico-économique mondial qui produit de la criminalité. Ce sont les fabricants de cigarettes qui se débarrassent de leur stock de cigarettes auprès des trafiquants et non pas ces derniers qui impulsent la contrebande de tabac dans le monde. C’est la « mondialisation » qui fabrique toujours plus de déchets ; une croissance associée à une production de normes qui accouche de facto des réseaux parallèles d’écoulement de ces déchets. Les criminels ne sont pas des déviants, hors de la société. Ils sont dans la société. Ils sont le monde d’aujourd’hui (travaux Jean de Maillard, brillant magistrat français). Par rapport à d’autres régions, la violence des professionnels du crime est sans aucun doute exacerbée en Corse.

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La confiture antimafia Libera terra

Mais Il n’existe aucun présupposé culturel en Corse comme ailleurs qui expliquerait une violence de ce type. La Corse est le monde et des solutions existent.  Il appartient à l’État et aux élites de les proposer aux citoyens. Il n’est pas acceptable que l’État en appelle à la responsabilité individuelle sans prendre sa part. On ne peut pas demander à un élu de témoigner contre des gangsters si le Préfet n’assure pas le contrôle de légalité. L’État ne peut pas demander à des citoyens de lutter contre la corruption alors que le Ministre de la Justice nomme le procureur ! On ne peut pas demander aux commerçants rackettés de témoigner si on ne met en place un système de protection des témoins (cf.Le décret sur les « coopérateurs de justice » enfin signé?). On ne peut pas demander d’impliquer la société civile sans lui attribuer des biens confisqués…

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Aliments antimafias Libera Terra

Sur la violence comme sur l’économie criminelle mondialisée, Fabrice Rizzoli est revenu sur les solutions culturelles visant à impliquer la société civile, seule manière de renverser le rapport de force aujourd’hui en faveur des corrompus de tous bords. Il propose des projets pédagogiques dans les écoles (cf. « Entre les Lignes« ), revenant sur les expériences de lutte contre le racket en Italie (Addio pizzo)…. Citant le travail de l’association Anticor et de son référent en Corse Vincent Carlotti (cf. tribune du Monde), Fabrice Rizzoli a aussi évoqué la situation du maire de Linguizetta menacé parce qu’il fait son travail de Maire en respectant le PLU, une mission peu soutenue par les préfets qui se succèdent (cf. Le Monde).

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E. Bastelica, F. Rizzoli, D. Bucchini

Présentant le modèle italien de lutte contre la grande criminalité qui a fait baisser la violence de façon considérable par exemple en Sicile (5 meurtres mafieux par an pour 5 millions d’habitants), Fabrice Rizzoli a insisté sur l’usage social des biens confisqués comme mesure phare contre la violence. Il note qu’après 5 ans de lobbying en France, seule l’association Anticor à intégré dans son plaidoyer (art 19.) l’usage social des biens confisqués. Anticor est une véritable association, « du bas vers le haut », qui refuse les subventions pour préserver son indépendance. Il n’est donc pas étonnant que  seule à ce jour, elle a compris l’intérêt d’une telle mesure pour lutter contre la corruption.

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E. Bastelica, F. Rizzoli, D. Bucchini, Gigi & JJ Ceccaldi

En fin d’audience, Fabrice Rizzoli a offert des produits fait par des coopératives sur des terres confisquées à la mafia. Depuis une loi de 1995, l’État peut mettre à disposition des citoyens des biens confisqués aux mafieux (cf. Article réference). La première coopérative en Sicile date des années 2000. En 2012, des jeunes dans l’arrière-pays de Palerme demandent un contrat de travail pour être embauchés dans un domaine agricole! (cf. écoute téléphonique d’une mafieux qui se plaint d’une telle demande sur ces terres) 🙂

Vous avez compris? Le cercle vertueux qu’amorce l’usage social des biens confisqués? Il change les mentalités !

Le couple de citoyens victimes de racket est reparti avec un paquet de pâtes complète bio dont les céréales sont faites à Corleone, fief de la mafia et de l’Antimafia (cf. « La mafia de A à Z, 162 définitions De A comme « Accumulation du capital » à Z comme « Zoomafia »  – Tim Buctu éditions – 2015)

Le président de la Commission, Dominique Bucchini, est reparti avec un pot de confiture de citrons produits par une coopérative dans l’arrière-pays de Palerme. Le terrain appartenait à un chef de la mafia qui a fait assassiner le juge Giovanni Falcone. Aujourd’hui, des jeunes gagnent leur vie honnêtement sur ce terrain.

Un super autorité administrative contre la corruption… et donc contre la mafia…

« Nommé il y a six mois par Matteo Renzi, Raffaele Cantone est à la tête de l’administration anti-corruption italienne (ANAC). Avec un budget de 600 millions d’euro, il veut démanteler les réseaux mafieux qui gangrènent son pays, mais aussi changer les mentalités des habitants.« 

Ce reportage de Yaël Goujon comporte deux arguments très bien traités.

Il s’agit d’une autorité administrative. Souvenez vous du rôle important du droit administrative pour lutter contre le crime organisé. Par exemple, la confiscation préventive ou sans condamnation pénale du propriétaire est de régime administratif en Italie. Elle est d’une efficacité redoutable et redoutée des mafieux.(cf. Ce n’est pas parce que la mafia existe toujours qu’il faut douter des moyens antimafias italiens).

Son rôle de cette autorité administrative anti-corruption : assainir les marchés publics! Donc lutter contre la « bourgeoise mafieuse » 🙂

– La lutte contre la corruption comme un phénomène culturel. Le magistrat italien qui vient de l’Antimafia est très clair : des lois techniques ne remplaceront pas les changements de mentalité.

Il est bien dommage que ni l’Italie ni la France n’est prévue l’utilisation sociale des biens confisqués aux corrompus. Une pétition d’un million de signatures a pourtant été menée en 2011 (cf. Pétition pour la réutilisation des biens confisqués aux corrompus)

La maison de Cahuzac en Corse doit devenir une école hôtelière:)

Mafias.fr à Lille

Sciences Po Lille

Le Mercredi 10 décembre 2014, j’étais l’invité du Club du Millénaire, association étudiante très active à Sciences Po Lilles pour un des débats dont ils ont le secret.

Thème : « Les mafias : entre illégalité et légalité »

Puis le jeudi 11 décembre, avec le rédacteur du site Crimorg.com, nous animions une conférence aux Universités du Temps Libres

Ces conférences permettent à mafias.fr de développer une géopolitique critique des criminalités basée sur le couple « Légal/illégal »…. Non seulement la frontière entre « légal et « illégal » n’existe plus mais il semble que le « légal » produit de « l’illégal » 🙂

Enfin, quand on passe à Lille, on passe obligatoirement voir ses amis des éditions de la Contre Allée

mafia Sciences Po Lille

Avec les étudiants


CF. Mafia : entre illégalité et légalité…

Mafias.fr à Bordeaux : de l’infiltration mafieuse dans l’économie légale…

Conférence samedi 4 juin : « mafias entre illégalité et légalité »

« Inventons demain » sans paradis fiscaux

Toxic Somalia : au coeur de la problématique mafia entre illégalité et légalité

Le pouvoir de dire « non »… à la télévision

Libero Grassi mafia

Victime de l'isolement

«Je ne suis pas fou, je n’aime pas payer. Je ne partage pas les valeurs des mafieux.« 

C’est avec ces mots que le 11 avril 1991 en directe à la télévision que Libero Grassi, le propriétaire d’une entreprise de textile à Palerme, raconte son histoire d’entrepreneur qui refuse de payer le pizzo, le racket : une pratique qui fonde le pouvoir mafieux (cf. « Babbo natale » était un carabinier).

Le 29 août de la même année, les sicaires des Corléonnais l’assassinent froidement selon les règles de la violence programmée (définition). Libero Grassi représente un «mauvais exemple» pour d’autres entrepreneurs car en plus de refuser de payer, il communique son refus par le média de masse, une atteinte intolérable au consensus social. A noter que Libero Grassi a été victime de l’indifférence de ses collègues comme des institutions de l’époque.

A l’époque, seul le centre Impastato l’accompagne (cf. Contre la mafia : le Centre Impastato) . Aujourd’hui, on peut mieux faire :  Le restaurateur contre le racket ou Contre la violence programmée : la collaboration de Monica)

Pizzo Addio ! Comment faire du tourisme en Sicile sans verser un centime à la Mafia

Fraude, corruption, blanchiment. L’Europe braquée en permanence.

Compte rendu du colloque de l’année : Journées d’étude : citoyens contre criminalité économique

15 juillet 2014 | Par Bernard LeonMediapart.fr

mafia rizzoli antimafiaLa situation en matière d’évasion fiscale, de fraude et de criminalité financière en Europe, des mots qui recouvrent une réalité à plusieurs facettes, vous semblait, bien que lointaine, alarmante. Elle est en fait catastrophique. C’est l’avis des nombreux spécialistes  qui se sont réunis à Paris à l’invitation d’Alternatives Européennes, une association qui travaille pour l’innovation des pratiques démocratiques, dans le cadre du projet « Tackling Illegal Economy ».

Les risques sont sérieux pour la démocratie, la santé des Etats, l’avenir des échanges économiques.

Cela tient, comme l’a rappelé le Magistrat Jean de Maillard, Vice-président du TGI de Paris et auteur de « L’arnaque », publié chez Gallimard, au fait qu’une criminalité différente des maffias est désormais ancrée au coeur du système économique mondialisé, dont elle est devenue la variable d’ajustement et de régulation. Et ceci, il ne faut pas se le cacher, avec la complicité, ou au mieux l’indifférence, des gouvernements.

Plus l’économie va mal, moins les gouvernements ont les moyens d’agir. « Quand le système devient compliqué, le politique se retire et la finance prend le relais. Et plus la finance s’étend, plus la fraude prospère. Mais si la fraude devient systémique les institutions ne peuvent plus réagir. Et on en arrive à ce que les banques soient au dessus des normes, au dessus de la loi ». Trop grandes pour faire faillite, comme on dit. Trop grandes pour aller en prison également. Too big to jail.

Ce n’est pas une raison a dit Fabrice Rizzoli, (FLARE France), auteur du « Dictionnaire énervé des mafias », de parler du problème de manière fataliste, car il est possible, les italiens nous l’ont prouvé ces dernières années, de réagir.

Il prône donc au niveau européen ce qui a été réussi en Italie, la confiscation des patrimoines criminels au bénéfice de la communauté. (cf. Mucchielli)

Le voyage du Pape en Calabre a d’ailleurs mis en lumière la chose, puisque sa dénonciation de la maffia a permis de mettre les projecteurs sur Don Panizza, un prêtre qui a osé reprendre en 2002, à la demande du préfet, un immeuble de 3 étages confisqué par l’Etat à un clan familial de la maffia. Il en a fait un centre d’accueil pour mineurs en difficulté et adultes handicapés.

Voir reportage ci-dessous :

Mais il y a bien d’autres exemples, comme ces coopératives agricoles en Sicile exploitant les biens confisqués à la maffia dans le cadre de la loi de 1996.

Voir reportage ci-dessous

Une confiscation qui s’applique également aux complices des condamnés, ou encore à des personnes en possession de biens dont le caractère illicite des processus d’acquisition est avéré.

Voir reportage ci-dessous :

Fabrice Rizzoli rêve d’ailleurs tout haut de tenir une conférence sur le sujet dans la maison de Cahuzac en corse ou dans la villa de Ziad Takieddine. (Oui, celle avec la piscine là où se baignait J.F. Copé).

Un cancer au cœur de l’Europe.

Mais en amont des poursuites et des saisies il faut pouvoir enquêter en Europe. « Sauf qu’il manque toujours un parquet européen », dit Vittorio Agnoletto (Ancien membre du parlement européen). D’où la difficulté à poursuivre ceux qui fraudent ou qui sont complices de ces fraudes. Ce peut être un fonctionnaire européen, un fonctionnaire d’un des 27 pays membres gérant un fond structurel, ou encore une organisation criminelle de fraude. Sur la TVA ou les cotas de CO2 par exemple. Le trésor Français aurait perdu sur ces derniers 1,6 milliards d’euros, et l’Europe verrait s’envoler 100 milliards d’euros par an pour cause de fraude à la TVA.

Il existe bien depuis 1999 un Office européen de lutte antifraude, l’OLAF, pour enquêter. Mais le manque de coopération que cet office rencontre dans ses enquêtes, au sein des 27, et les failles juridiques nationales, constituent une entrave à son travail. Il ne lui est pas possible d’enquêter en Allemagne sur les fraudes à la TVA, par exemple.

Comme l’a dit Fabrice Rizzoli,  on est aussi face à un flou sémantique ou administratif sur les notions de « légal » et « illégal ». D’ou parfois une difficulté à poursuivre efficacement.

Un rapport du Sénateur Eric Bocquet de 2012 n’a-t-il pas pointé que « la fraude fiscale des entreprises françaises était principalement sanctionnée chez de petits entrepreneurs, alors que les enjeux financiers étaient plutôt du coté des grandes entreprises ». Mais ces dernières, entourées de cabinets conseils, jouent sur toutes les failles que leur offrent les réglementations des Etats, et échappent facilement aux taxes et à l’impôt.

Une voie pour la réutilisation sociale : l’ESS.

Relayant l’intervention de Darina Zalmova, de l’université de Thrace (Roumanie), qui a montré que la corruption devait être combattue par la reconstruction d’une pensée collective et des pratiques sociales, Marcel Hipszman, ancien adjoint au Délégué interministériel à l’économie sociale, a mis en lumière, tout comme elle, la possibilité pour l’économie Sociale et Solidaire d’être un outil anti corruption en se voyant confié la gestion des biens saisis à la criminalité financière. Un vrai recyclage au profit de la population, sous forme de musées, coopératives, centres d’apprentissage, établissements de soins, accueils des immigrés, etc.

Voir reportage suivant :

Il a rappelé les opportunités ouvertes par la récente directive européenne du mois d’avril sur le gel et la confiscation des produits de la criminalité transfrontière organisée. Tout en regrettant que les applications de cette directive en matière d’utilisation sociale des biens confisqués  ne soient pas obligatoires et laissées à la volonté des Etats.

A l’heure où la loi sur l’économie sociale est votée en France, l’idée est à creuser.

Il a également rappelé que la France possède une « Agence de gestion et recouvrement des avoirs saisis », regrettant aussi que le gouvernement ait annoncé que la question de la réutilisation à but social des biens confisqués serait discutée ultérieurement. Comme quoi on peut être un gouvernement de gauche et timide sur l’innovation juridique et sociale en matière de lutte contre la criminalité financière.

Un combat politique, social et culturel.

En fait, les intervenants l’ont tous dit, c’est bien là, sur le terrain politique, que doit être menée la vraie lutte citoyenne d’innovation démocratique. Un combat également culturel.

Ce qu’a bien montré le débat sur la presse d’investigation, réunissant plusieurs journalistes européens, dont Dan Israel de Médiapart.

Si les choses semblent  évoluer positivement, notamment grâce à la presse sur internet, les journalistes, s’ils sont confrontés à plusieurs difficultés, dont celles consistant à faire le tri des acteurs et des documents, doivent aussi faire face à la difficulté à vendre leur sujet contre la criminalité financière. En dehors de quelques affaires phares, il est plus facile pour un media de dramatiser un fait divers que de dérouler dans ses colonnes ou ses journaux télévisés les cheminements tortueux d’une fraude à la TVA, dont les montants sont pourtant vertigineux et lèsent les citoyens directement. Il faut donner du temps aux journalistes d’investigation. Les enquêtes sont longues, le recoupement des témoignages et la consultation d’experts nécessaires chronophages.

Mais la première difficulté vient, il ne faut pas avoir peur de le dire, des institutions, notamment bancaires. C’est par les banques que passe l’argent de la criminalité maffieuse, rapporte  Marius Frunza (Université Paris 1).

L’exemple de la banque anglaise HSBC qui a payé près de 2 milliards de dollars afin d’échapper à des poursuites aux Etats-Unis pour avoir blanchi l’argent des cartels de la drogue entre 2003 et 2010 en témoigne. En notant au passage que le patron de la banque pour la période incriminée est devenu en 2010 ministre de David Cameron. Humour anglais. Isn’t it ?

Alors que faire ? Les réponses ne peuvent être qu’internationales. Mais que fera l’Europe, présidée sous peu par l’ancien premier ministre d’un paradis fiscal, le Luxembourg ?  Que fera le Parlement européen ?

Restent aux citoyens à faire pression. Au travers d’associations comme Euroalter, ou Libera en Italie, dont le but est clairement de s’insurger et d’agir contre les maffieux, et qui regroupe 1600 associations  locales et internationales.

La mafia de A à Z
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