Une BD pour comprendre le phénomène mafieux.

La BD « Brancaccio » publiée en français par les éditions Caterman.

Brancaccio : le nom d’un quartier de Palerme, l’un des plus dangereux de Sicile. C’est ici qu’habite Nino, un gosse plein d’espoirs, qui veut s’en sortir, partir, apprendre un travail et vivre honnêtement. Mais il sera dit que personne ne sort indemne de Brancaccio. Car ici, c’est la mafia qui commande. La mafia qui, insidieusement, impalpablement, occupe l’air que l’on respire, l’eau que l’on boit, les mots que l’on prononce et les gestes que l’on fait. Pas de délivrance possible. Pour tout un chacun, il ne reste qu’à obéir… Sur les traces de Nino, Brancaccio relate trois épisodes de la vie de tous les jours dans ce quartier palermitain. Trois épisodes hantés par l’organisation criminelle au quotidien. L’album est dédié au Père Pugliesi, un religieux qui a beaucoup lutté pour la liberté des jeunes de Brancaccio. Il a été tué par la mafia le 14 septembre 1993.
Dans une actualité aux relents de poubelles napolitaines, Brancaccio s’éloigne des images musclées et violentes liées à la mafia pour présenter un quotidien bien plus dérangeant. Dans la veine de Gomorra, récemment primé à Cannes, cet album s’immerge dans le quotidien des habitants d’un quartier défavorisé, en démontrant l’omniprésence et la banalité de la mafia. Celle-ci n’est en pas moins dangereuse, car la peur et la pression qu’elle distille, ont des conséquences tout aussi catastrophiques que la drogue ou la prostitution.
Présentant trois tableaux (le père, la mère et le fils), l’auteur nous livre les différents vécus et points de vue de cette famille soumise à la déchéance. Sans être réellement un chef d’oeuvre du dessin ou du découpage, on se sent peu à peu hypnotisé par ce récit qui semble tourner en rond, montrant que par n’importe quel bout, on ne peut sortir de cet étau qui gangrène tous les niveaux de la société.
Un album à message, qui donne une vision bien moins romanesque de la main noire. Elle est complétée par des témoignages d’habitants du quartier, liant le récit à une sordide réalité.

Cet article a été écrit par Charles-Louis Detournay www.ActuaBD.com

Pour ma part, cette oeuvre illustre le concept de « sous-développement organisé » en Italie. Les quartiers du Sud de l’Italie sont volontairment laissés à l’abandon par les politiciens locaux. Ainsi, la population est contrainte de demander des faveurs aux mafieux et aux politiciens de la zone. Ces derniers offrent l’accès à l’eau ou un emploi dans la fonction publique en échange des votes aux élections ou en contre-partie du respect de la loi du silence. Enfin, les quartiers populaires constituent le principal « bassin » de recrutement des mafias siciliennes et napolitaines. J’invite toutes les bibliothèques municipales à acheter cette Bd. Je propose, par ailleurs, qu’elle soit étudiée en classe d’éducation civique. L’auteur de ce site est disposé à utiliser cet instrument pédagogique au profit d’élèves parfois en manque de repères.

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