Contre la violence programmée : la collaboration de Monica

Spéciale dédicace aux femmes (cf. Pas de femme, pas de mafia), en particulier aux Monica …

Monica Vitale, femme de l’homme d’honneur Gaspare Parisi du quartier de Borgo Vecchio de Palerme (carte à gauche), prélevait le pizzo pour le mandamento de Porta Nuova (cf. Sicile 2 : « Discipliner le territoire »).

Mais la machine mafieuse se grippe. Les capi-decine (chef de groupe de soldats) accusent Monica de ne pas avoir rapporté l’intégralité des sommes provenant du racket à l’échelle du canton mafieux (mandamento). Elle est sommée de rendre de l’argent. Elle peut devenir à tout moment un cadavre ambulant.. Elle le sait… La  violence programmée est là, à chaque coin de rue. Elle la sent qui rode. Contrairement à une idée reçue, la mafia n’hésite pas à tuer les femmes (cf. Quitter le programme de protection : mauvaise idée!). La grande faucheuse rationnelle de la mafia se balade dans son quatrier. Sa vie dépend désormais des arbitrages que feront les chefs dans son dos.

Peut-être accusée à tort et face au risque élevé de mort, elle se rend chez les carabiniers en remplissant des dizaine de procès verbaux (cf. Histoires de femmes dans la mafia). Elle fait la lumière sur le monde clandestin de Cosa nostra (cf.Journée de la femme 2011 : le courage de collaborer avec la justice). Ici, sur la mort de l’avocat pénaliste ancien député d’extrême-droite Enzo Fragala, battu à mort le 23 février 2010 à la sortie de son cabinet dans le quartier Kalsa du Palais de justice (carte à droite). Grâce à Monica, on apprend Il s’agirait en fait d’un avertissement qui aurait mal tourné. L’avocat aurait manqué de respect à la femme d’un boss incarcéré et ce dernier, depuis la prison, aurait organisé ce pestaggio qui à la base ne devait être qu’une leçon.

Ce qui est drôle c’est que les journalistes passent d’une piste mafieuse (l’avocat en  savait trop) à une piste « passionnelle » (La Repubbica). Le fait qu’un boss corrige un avocat pour manque de respect envers sa femme serait un mobile passionnel ! Il n’est n’est rien.  Il s’agit de l’application de la violence programmée dans son expression la plus classique : le contrôle du territoire. Selon une typologie d’Umberto Santino, la mafia utilise, entre autre, la violence sytsémique pour défendre son ordre social  animé par l’honneur et la vengeance. Que resterai-il du pouvoir d’un chef mafieux qui n’aurait pas vengé l’affront fait à son épouse?

Par ailleurs, le cabinet de l’avocat se situant dans un autre territoire que celui du mafieux concerné, le demande de passage à tabac a suivi la voie hiérarchique. Le mafieux déshonoré par l’avocat s’est plaint  au capomandamento de Porta Nuova (carte à gauche), Tommaso Di Giovanni et l’a convaincu de procéder à  l’application de la violence programmée. Seulement après accord du mandamento, les soldats ont donné une leçon à l’avocat.

Rien de passionnel ! Que du rationnel!

Notons que le boss Lo Presti (voulant remplacer le big boss Lo Piccolo après son arrestation en 2007), arrêté en 2008 et suicidé en prison (cf. Opération Persée, le dieu qui décapita la méduse… ), avait conseillé à Monica de quitter l’univers mafieux : « un milieux pas fait pour les femmes » cit.

Conclusion, on ne quitte la mafia vivant que d’une manière : en collaborant avec la justice (cf. (cf. MafiaS et trahisonS au regard des sciences sociales).


Share

Laisser un commentaire

*
La mafia de A à Z
Recevez chez vous le livre dédicacé : "la mafia de A à Z" contre 18 euros en cliquant sur le lien suivant
PayPal Logo
Search