Articles avec le tag ‘contrôle du territoire’

4. Organisation mafieuse : « j’appelle la Province »

Poursuivons l’analyse des écoutes judiciaires avec le thème de l’organisation mafieuse. Les clans calabrais sont souvent décrits comme des entités autonomes. Saut que depuis 1991, les ‘ndrines (familles mafieuses calabraise) dans la province de Reggio (voir la carte) se sont doté d’une « commission » (comme en sicile cf. Opération Persée, le dieu qui décapita la méduse…), une chambre de compensation chargées de régler les litiges entre les clans.

Ici, les mafieux nomment cet organe d’arbitrage « la province » confirmant ainsi que les mafias sont des acteurs politiques…

P.G.: « Les choses ne sont pas bien avancés »
M.R.: Eh!
P.G.: « Nous on est (inaudible), on leur a dit que nous on a avait les choses comme ils faut ».
M.R.: Eh!
P.G.: « Et alors, on leur dit, asseiez vous que je dois te dire, là, l’histoire c’est cà,… et si cela ne vous convient pas , on en parle et on fait une (inaudible) [ même si je pense qu’il parle d’une « réunion » ndr]
M.R.: « C’est claire »
P.G.: « On en parle où il y a d’autres hommes [d’honneur – mafieux ndr] ».
M.R.: « C’est claire »
X : (inaudible)

M.R.: « Mais, si ils veulent parler, on appelle LA PROVINCIA comme responsable et on parle »
P.G.: (inaudible)
M.R.: « Et celui qui a raison... »
P.G.: (inaudible)

Voix non comprhéensibles

M.R.: « Avec les hommes [entre mafieux ndr]… »
P.G.: « Avec LA PROVINCE, on a le le responsable [autorité compétente pour arbitrer les litiges ndr]… » »

FIN

PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).

Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » Daniela Santanche, membre du gouvernement.

1. « Dessine moi un bunker »

Le 22 avril dernier, les carabiniers du Ros ont mené une opération contre le clan Pelle de San Luca (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta). Giuseppe Pelle était devenu le chef le plus important de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) depuis l’arrestation de son père (cf. Le quotidien de l’Etat contre la ‘Ndrangheta) et de son frère (cf.Arrestation de la « mamma »).

Plus croustillant : les enquêteurs avaient placé des micros dans la maison du capobastone (chef mafieux) qui discutaient avec d’autres mafieux. Les propos tenus par ces derniers sont très intéressants.

Les mafieux aiment leur territoire puisque pour échapper aux forces de l’ordre, ils s’enterrent dans des bunkers (dans la vidéo, on peut voir un bunker). Giovanni Ficara demande à Giuseppe Pelle :

« Je dois faire un bunker : vous m’aidez? » (« devo fare un bunker mi auitate? »).

Comme une ritournenelle « dis; dessine moi un mouton »

Les images des bunkers :

PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).

Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » : Daniela Santanche, membre du gouvernement.



http://www.mafias.fr/?p=1158

Traite d’êtres humains par une organisation calabro-indienne

D I ALe 3 février dernier, la direction des enquêtes antimafias (DIA) calabraise à fait arrêter 67 personnes : 32 de nationalité italienne et 35 de nationalité indienne. Ces personnes dont des entrepreneurs et des fonctionnaires italiens, sont impliquées dans un trafic transnational d’êtres humains. Les arrestations ont eut lieu à Reggio en Calabre, Milan, Brescia, Crema, Macerata, Sienne, Piacenza, Potenza et Avellino.

Les ‘ndrines (familles mafieuses calabraises) Cordì de Locri (cf. Prison à vie et exécution sommaire) et Iamonte de Melito Porto Salvo sont impliquées.

En général, le mécanisme est le suivant. Les «étrangers » font venir les immigrés sur les côtes calabraises et payent une redevance aux clans en vertu de la règle du contrôle du territoire (cf.‘Ndrines, armes et contrôle du territoire).

Mais en l’occurrence, les clans en question fortement infiltrés dans le tissu économique italien (cf. 200 millions d’euros saisis à la mafia calabraise, pouvaient produire des faux contrats de travail afin que les immigrés obtiennent des permis de séjour. Chaque immigré payait entre 10 000 et 18 000 euros à cette organisation inter-ethnique (cf. United of colors of dealers). L’enquête ayant débuté en 2007, les enquêteurs estiment que les revenus de l’organisation mafieuse s’élève à 6 millions d’euros.

Heureusement, un entrepreneur agricole a porté plainte démontrant que la Calabre possède les anticorps antimafieux (cf.L’Italie, la Calabre et les anticorps). En, effet, les mafieux l’avaient contraint céder ses entreprises et à faire des faux documents pour embaucher des immigrés Pakistanais et Indiens.

Ndlr : les anglo-saxons utilisent deux termes bien distincts pour évoquer le traite d’être humains ou le trafic illégal de migrants. Pour le trafic illégal de migrants ils parlent de smuggling et pour la traite des êtres humains ils utilisent le terme trafficking. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Trafic_d%27%C3%AAtres_humains

Le 3 février dernier, la direction des enquêtes antimafias calabraise à fait arrêter 67 personnes : 32 de nationalité italienne et 32 de nationalité indiennes. Ces personnes dont des entrepreneurs et des fonctionnaires, sont impliquées dans un trafic d'être humains qui aurait rapporté plus de 6 millions d'euros. Les arrestations ont eut lieu à Reggio en Calabre, Milan, Brescia, Crema, Macerata, Sienne, Piacenza, Potenza et Avellino.
Les familles mafieuses calabraises, les Cordì de Locri () et les Iamonte de Melito Porto Salvo sont impliquées

En général, le mécanisme est le suivant. Les «étrangers » font venir les immigrés sur les côtes calabraises et payent une redevance en vertu de la règle du contrôle du territoire. Mais en l'occurrence, les clans en question fortement infiltrés dans le tissu économique italien, les clans calabrais pouvait produire des faux contrats de travail afin que les immigrés obtiennent des permis de séjour. Chaque immigré payait entre 10 et 18 000 euros. L'enquête ayant débuté en 2007, la magistrature estime que les revenu de l'organisation mafieuse s'élève à 6 millions d'euros.

Heureusement, un entrepreneur agricole a porté plainte (cf. ) car les mafieux l'avait contraint céder ses entreprises et a faire des faut pour embaucher des immigrés Pakistanais et Indiens.

Infiltration mafieuse dans l’économie légale…

ou infiltration légale dans l’économie mafieuse?

Retrouvez un reportage de 3 minutes (France 3, 19-20, 26/07/2009).

Si la vidéo ne s’affiche pas : cliquez sur ce lien : mafias et grandes surfaces

‘Ndrines, armes et contrôle du territoire

Ce jeudi 3 septembre, la police de Gioia Tauro a procédé à l’arrestation de deux hommes de 46 et 18 ans. Le père et son fils appartiendraient à la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Mancuso de Limbadi (dans la province de Vibo Valentia ; voir la carte à gauche). Les agents ont surpris le deux personnes dans un appartement de Gioia Tauro et ont trouvé de nombreuses armes. Les policiers ont aussi arrêté un complice proche de la famille mafieuse Piromalli qui contrôle le port de Gioia Tauro (cf. Le port-conteneur de la ‘Ndrangheta ).

Déjà, au mois de juin dernier, les carabiniers de Nicotera avaient conduit les deux hommes à la caserne pour des vérifications. Au cours de cette interrogatoire de « routine », ceux-ci s’étaient échappés. Les carabiniers avaient perquisitionné leur domicile et avaient trouvé une mitraillette Kalashnikov, un fusil, un pistolet et un millier de cartouches.

Cette arrestations amènent à quelques reflexions :

Les deux personnes, vendeurs ambulants, semblent être les armuriers de la ‘ndrine Mancuso c’est-à-dire des personnes peu connues des services de police qui détiennent les armes pour le clan.

Le fait que des membres du clan Mancuso de Limbadi se trouvaient, avec des armes, sur le territoire du clan Piromalli de Gioia Tauro n’est pas anodin. En vertu de la règle du contrôle du territoire qui régit les associations mafieuses, nous pouvons conclure que les deux clans sont en association; exemple : « je te laisse l’accès au port, en échange tu t’occupes des armes ». Mais pourquoi le clan Piromalli aurait-il besoin d’armes? Pourquoi prendre le risque de les confier à des soldats en cavale? S’agissait-il de porter l’estocade au clan Molé? (cf. Hypothèses du policier antimafia).

Sur ce site, il n’est pas possible de recevoir un mail à chaque nouvel article

La chance sourit aux escrocs

Le 4 mars 2008, les carabiniers de Monreale (une ville au sud de Palerme habritant une magnifique cathédrale, en photo) ont découvert une fraude de plusieurs millions d’euros. La combine est simple et connue. Il s’agit de simuler des faux accidents de la route et de « toucher » des indemnités de la part des assurances. Les militaires ont permis aux magistrats de mettre en examen 60 personnes. Aucune d’entre elles (des médecins et des experts…) n’appartient à une cosca (une famille mafieuse sicilienne).

Les carabiniers ont écourté leur enquête pour arrêter au plus vite le cerveau de l’arnaque. En effet, ce dernier était un « cadavre ambulant». Il était menacé de mort par la mafia. L’arnaqueur avait oublié la règle du contrôle du territoire mafieux. Il n’avait pas demandé au « boss » de la zone l’autorisation de commettre l’escroquerie sur le territoire de la famille mafieuse.

J’imagine ce que les carabiniers ont entendu en écoutant le téléphone du mafieux :

Le boss : « Stu crasto deve morire, (ce crabe -en dialecte sicilien- c’est-à-dire celui qui ne marche pas droit, qui ne respecte pas les règles de la mafia), il doit mourrir« 

Décidément, la chance sourit aux audacieux. En France, d’anciens PDG qui ont massacré des entreprises reviennent avec des livres à vendre. Aux Etats-Unis, Madov veut garder sa maison et en Italie, l’Etat de droit sauve les ecrocs d’une mort certaine.

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Gomorra au gouvernement ?

Gaetano Vasallo, « l’entrepreneur  », qui a enterré clandestinement des déchets dans la région de Naples pendant 20 ans, est devenu collaborateur de justice (« repentis »). Dans le livre Gomorra, l’intermédiaire entre les clans et les entrepreneurs du Nord est appelé un stakeholder. Dans le film Gomorra, le personnage de Franco, interprété par Tony Servillo, pourrait incarner Gaetano Vassallo.

Au mois septembre 2008, le  » repenti  » a affirmé que les députés Mario Landolfi (Alliance nationale) et le sous-secrétaire du gouvernement Berlusconi, Nicola Cosentino, étaient des référents du clan des Casalesi.

L’homme politique de Forza Italia, Nicola Cosentino, avait des intérêts dans la société Eco 4 qui récoltait les déchets dans la province de Casal di Principe (région de Naples) et dont le gérant a été assassiné pour avoir parlé à des magistrats ( N°73. Le premier « cadavre exquis » des « ecomafias » ).

Gaetano Vassallo : « Je déclare que j’ai agi pour le compte de la famille mafieuse Bidognetti qui gérait la société Eco4 à travers les frères Orsi. Ces derniers payaient un pot-de-vin de 50 000 euros par mois [au clan nda]. Je peux dire que la société Eco 4 était gérée par les députés Nicola Cosentino et Mario Landolfi… je me suis présenté personnellement pour donner les 50 000 euros comptant à Sergio Orsi et à Cosentino. La rencontre a eu lieu dans la maison du député [originaire de la région nda]. Cosentino a reçu la somme dans une enveloppe jaune et Sergio Orsi m’a informé sur son contenu ».

On comprend pourquoi le nouveau gouvernement n’est pas pressé de mettre en place la Commission parlementaire antimafia.

Voici une vidéo tirée de Biutiful Cauntri

La « zoomafia » filmée en Sicile

Cette semaine, une chaîne de télévision française a diffusé un court reportage sur une course clandestine de chevaux dans la province de Messine (vidéo d’une autre chaîne).


A la fin de la diffusion, le commentateur évoque une infraction « moins grave (« inofensives » cit.) que le trafic de drogue… ». En réalité, les courses clandestines relèvent du contrôle du territoire et du consensus social. C’est parce que les mafias contrôlent le territoire qu’elles sont les plus fortes en matière de grands trafics. Pour illustrer ce propos, vous pouvez relire un article paru au mois de mars (cf.
« Zoomafia » au quotidien). Les courses de chevaux font partie des activités  dénommées « zoomafia ». Ces activités criminelles sont incluses dans le concept des « ecomafias » (cliquez pour plus de précisions).

Arrestation de la « mamma »

mafia

La « mamma »

Le 15 octobre 2008, à 5h15, les policiers ont arrêté la « mamma », Antonio Pelle, 46 ans et chef de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Pelle-Romeo-Vottari opposée à la ‘ndrine Nirta-Strangio dans une faida depuis 1991. Antonio Pelle se cachait non loin de San Luca dans un bunker (cf. Le quotidien de l’Etat contre la ‘Ndrangheta et vidéo plus bas.)
Antonio Pelle est appellé la « mamma » par ses soldats qui lui vouent une grande dévotion comme en témoigne cet évènement : Duisburg, le 15 août 2007, un membre de la mafia calabraise apprend que 7 des membres de son clan viennent d’être assassinés (  De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta ). Il téléphone en Calabre pour informer la hiérarchie de la ’ndrine, la famille mafieuse calabraise.  Achille Marmo décroche. Son frère vient d’être assassiné mais il ne le sait pas encore. Celui qui téléphone pose une question à Achille Marmo : « la mamma è qui ? » (« La maman est-elle là ? « ). La « mamma » désigne Antonio Pelle, le chef de la famille en question.

A lieu de prévenir son interlocuteur que le frère de ce dernier vient d’être assassiné, le soldat de la mafia demande si le chef se trouve dans la pièce car c’est au chef que ce type d’information doit être délivré en priorité. La mafia c’est la tyrannie de la famille mafieuse. Le clan passe avant les sentiments.
Achille Marmo répond que la « mamma » n’est pas ici. Le messager transmet alors l’effroyable nouvelle : « ils sont tous morts… tu as compris ?… ils ont été tués… ton frère aussi. ».

Ici, le terme « mamma » remplace peut-être le terme « mammassantissima » qui désigne des capo-bastone, ces chefs de ‘ndrine de rang supérieur. Au dessus du simple capo-bastone, il y aurait le « santista« . Les enquêteurs estiment qu’Antonio Pelle est un « vangelo« , un rang au dessus du « santista« . Au dessus du « vangelo« , il y aurait d’autres grades. Dans la mafia calbraise, la hiérarchie est complexe et encore méconnue.

« Jammuncenne »

Jeudi 18 septembre 2008, dans la province de Caserte en Campanie. 21h, le commando de la mort est en route. Armés jusqu’au dents, les six soldats de la Camorra, la mafia napolitaine, sont bourrés de cocaïne et portent des gilets de la police. Ils tirent plus de vingt projectiles sur un gérant d’une salle de jeu, un soldat de la Camorra.
Puis, ils empruntent la route nationale Domitiana qui relie Rome à Naples par le littoral. A Castel Volturno, au kilomètre 43, ils arrêtent la voiture brusquement devant l’atelier de couture « Ob ob Exotic Fashions » tenu par des Africains. Il est 21h20. Les sicaires tirent plus de 130 projectiles à l’aide d’armes automatiques de type kalachnikov et uzi (sur la photo, la police a marqué les emplacements des douilles).
Les soldats de la Camorra tuent 6 Africains originaires du Ghana, du Libéra et du Togo. Joseph un Ghanéen de 34 ans touché le premier de quatre balles à la jambe et au bras, s’écroule par terre. Ses camarades foudroyés tombent sur lui. Le sang de ses frères coule sur son visage. Il feint de ne plus respirer. Il prie « dans sa tête » et pense à sa femme et à ses enfants.  Grâce à cet homme, nous savons que la mafia a encore agi à sa manière. Elle a accompli un geste de violence « programmée », de celle qui éduque les consciences, aujourd’hui celles des Africains vivant sur les terres de la Camorra…

Le chef du commando déclare alors : « Ils sont tous morts : Jammuncenne  » ( « on s’en va de là » en dialecte napolitain)…

Pour un article détaillé cliquez sur le lien suivant : la mafia napolitaine fait un exemple avec l’assassinat de 6 Africains



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