Articles avec le tag ‘latitanza’

1. « Dessine moi un bunker »

Le 22 avril dernier, les carabiniers du Ros ont mené une opération contre le clan Pelle de San Luca (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta). Giuseppe Pelle était devenu le chef le plus important de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) depuis l’arrestation de son père (cf. Le quotidien de l’Etat contre la ‘Ndrangheta) et de son frère (cf.Arrestation de la « mamma »).

Plus croustillant : les enquêteurs avaient placé des micros dans la maison du capobastone (chef mafieux) qui discutaient avec d’autres mafieux. Les propos tenus par ces derniers sont très intéressants.

Les mafieux aiment leur territoire puisque pour échapper aux forces de l’ordre, ils s’enterrent dans des bunkers (dans la vidéo, on peut voir un bunker). Giovanni Ficara demande à Giuseppe Pelle :

« Je dois faire un bunker : vous m’aidez? » (« devo fare un bunker mi auitate? »).

Comme une ritournenelle « dis; dessine moi un mouton »

Les images des bunkers :

PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).

Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » : Daniela Santanche, membre du gouvernement.



http://www.mafias.fr/?p=1158

Arrestation du « boss » Tegano et du consensus social

Le 26 avril, la police a arrêté un superboss de la ‘Ndrangheta (la mafia calabraise). Giovanni Tegano, 70 ans, figurait parmi les 30 personnes les plus recherchées en Italie. Après, la vague d’arrestation qui a suivit le massacre de Duisbourg (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta) et l’arrestation de Pasquale Condello (cf.L’arrestation de Pasquale Condello ; le dernier grand parrain calabrais ?), il s’agit d’une belle victoire pour l’Etat titalien (cf.Italie : état de droit!). Il fait reculer l’impunité, une impunité incarnée par le fait que les mafieux se livrent à de longues « latitanza » (fugue, cavale). En effet Giovanni Tegano était recherché depuis 17 ans. Au moment de son arrestation, Giovanni Tegano était à Reggio en Calabre, armé et en compagnie de 5 personnes.

La victoire est entaĉhée… Au moment de sa sortie du commissariat, une foule attendait le boss pour l’applaudir. Des personnes, en partculier des femmes criaient « Giovanni, uomo di pace! (tu es un homme de paix) » (sur les femmes et la mafias, cf. Pas de femme, pas de mafia et Article sur les femmes et la mafia).

Un des pilliers du pouvoir mafieux est le consensus social (cf. Les ‘ndrines et le consensus social). Au quotidien, les mafieux distribuent des faveurs et des emplois en raison d’un « sous developpement organisé » qui règne en Italie du Sud (cf. La mafia taxe l’eau et l’electricité des plus défavorisés)

On peut voir la photo et la vidéo ci dessous. :

Trahi par Facebook

Voir Petit dictionnaire énervé de la mafiaLe 16 mars 2010, les policiers de Crotone jubilent. Ils viennent d’arrêter Pasquale Manfredi, 33 ans, un soldat de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Nicoscia-Manfredi d’Isola Capo Rizzuto. Il figurait sur la liste des cents « latitante » (en cavale) les plus recherchés. Et pour cause, il est accusé d’association mafieuse, de détention d’armes de guerre. Il se serait entraîné dans la région de Pavie (dans le nord de l’Italie) pour assassiner le capo bastone Carmine Arena (décédé dans sa voiture blindée après un tir de bazooka (cf. La guerre des ‘ndrines s’étend à la province de Crotone?). Cela illustre le goût des mafieux calabrais pour les armes de guerre et la présence mafieuse dans le nord de l’Italie :

Cliquez sur les lien suivant ;

Opération Isola

A la kalachnikov

Exécution mafieuse en Lombardie

Les policiers le décrivent comme « froid et cruel ». Froid mais pas très malin ; les policiers l’ont repéré a l’aide de sa connection (clef 3G) à Facebook et sous le pseudonyme « Scarface » !

La fin de la cosca Cappello?

Il se nomme Salvatore Caruso, 46 ans et serait le chef de la « cosca » (la famille mafieuse sicilienne) Cappello, une famille mafieuse très importante dans la ville de Catane. Le 7 novembre dernier alors qu’il est « latitante » (en cavale), la police l’arrête au volant de sa voiture. En réalité, il était en train de réorganiser le clan après que la police et la magistrature italien ont arrêté 50 membres de son groupe mafieux au mois de novembre dernier!

Comment expliquer qu’un seul homme puisse réograniser un clan qui vient de perdre 50 membres?

Peut-être est-il allé voir son banquier en lui disant « tu peux rapatrier mes fonds des îles Caiman puisque le gouvernement a prévu une aministie fiscalo-mafieuse » (cf.une troisième…)?

Avec cette argent, il a commencé à acheter des nouvelles complicités qui lui ont permis d’assurer sa cavale puis d’assurer la collecter du pizzo (le racket)… puis de promettre des emplois municipaux à des jeunes du quartier…

24 ans, chef mafieux, 6 mois de « cavale » puis il se rend!

Vendredi 29 mai 2009, le téléphone sonne au commissariat central de Crotone. Francesco Monti, appartenant à la ‘ndrine (la famille mafieusue calabraise) Megna de Papanice dans la province de Crotone veut se rendre aux autorités! Il n’est plus en mesure d’assurer sa « cavale » et de faire face à la pression policière. Les hommes de la police judiciaire de Crotone vont le chercher dans son fief, à Papanice, dans l’arrière-pays du chef lieu de la province.
A 24 ans, Francesco Monti, surnommé « il bandito« , tennait déjà les rennes d’une importante famille mafieuse en raison des nombreuses arrestations ayant eut lieu depuis deux ans. En effet, depuis ce jour de mars 2008, les deux cartels de ‘ndrines, les « Megna » et les « Ruselli » sont en guerre. Les magistrats antimafias avaient procédé à l’arrestation de 24 personnes appartenant aux deux clans. Francesco Monti avait réussi à fuire alors qu’il était accusé d’association mafieuse, de trafic de stupéfiant en bande organisée, d’extortion et de détention d’arme.
D’après les enquêteurs, Francesco Monti participait activement aux activités de la famille mafieuse de Luca Megna (assassiné le 22 mars 2008) et dont il était le cousin. Avant le meurtre de Luca, Francesco était le trésorier du clan, celui qui récupérait les sommes d’argent provenant des extortions et de la vente de drogue. Par exemple, le 27 mars dernier, les policiers de Papanice ont saisi 1 273 plants de « marijuana. » Puis le 27 mars 2008, ils ont retrouvé 9 kilos d’herbes dans un magasin. Le propiétaire du magasin déclare avoir loué son bien à Giuseppe Cavallo. Mais après l’assassinant de ce dernier le 24 mars 2009, le propiétaire aurait loué son bien à Francesco Monti (celui dont je vous parle au début de cette article).

Suivez mon raisonnement:

– Le 22 mars 2008, les « Ruselli » tuent un « Megna » ( La guerre des ‘ndrines de Crotone n’épargne pas les enfants ).
– Le 25 mars 2008, les « Megna » se vengent en tuant un des « Ruselli » (Guiseppe Cavallo qui loue un magasin entreposant de l’herbe).
– Le 25 mars au soir, les « Megna » s’emparent du magasin d’un de leurs ennemis, les « Ruselli ».
– Le 27 mars 2008, les policiers trouvent 9 kilos d’herbe dans le magasin en question.
– Le 24 novembre 2008, la magistrature arrête 24 membres des deux clans.
– Le 29 mai 2009, un jeune chef des « Megna » (à qui été loué le magasin contenant de l’herbe) se livre à la police.

Premièrement, la mafia calabraise est la « numéro un » de la cocaïne ( ‘Ndrines transnationales ) mais l’herbe c’est bien aussi…
Deuxièmement, les mafieux ne perdent pas le nord : on se vengent en tuant mais aussi en prenant le biens du rival.
Troisièmement, la mafia n’est plus ce qu’elle était. La police est tellement puissante en Italie ( L’Italie : ce pays modèle ) que les mafieux se rendent à 24 ans alors que Pasquale Condello a été arrêté après plus de 15 ans de cavale ( L’arrestation de Pasquale Condello ; le dernier grand parrain calabrais ? ).
Il reste à se demander si les intêrêts des clans de la ‘Ndrangheta : mafia « numéro un » ne sont dans les circuits internationaux de blanchiment…

De la Scu (Sacra corona unita-mafia des Pouilles) à l’Etat de droit

Le 8 mars 2009, il est 6h du mat quant les forces de l’ordre pénètrent dans une habitation de Cassano Murge près de Bari. Les policiers réveillent et arrêtent Salvatore Caramuscio en photo (reconnaissez que les faits dépassent toutes les fictions hollywoodiennes). Originaire de Lecce et âgé de 40 ans, Salvatore Caramuscio est membre de la Sacra corona unita (la Scu), la mafia de la région des Pouilles (Exécution dans le centre de Bari). En 2003, il aurait assassiné le gérant d’un bar, ce qui lui vaut  d’être arrêté. Au mois de septembre 2008, la justice le libère car les délais de sa détention provisoire sont dépassés… délais qui auraient été mal calculés…. Accusé de meurtre, d’association mafieuse et de trafic de drogue, il opte pour la clandestinité tout en continuant le racket des commerçants.

Pour la petite histoire, au moment de se faire menotter, Salvatore Caramuscio a félicité les policiers « vous avez fait un travail de scientifiques ». En Italie, les mafieux sont souvent plus respectueux du travail des forces de l’ordre que ne l’est la classe politique.

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Fin de la faida de San Luca

Le 13 mars 2009, la police hollandaise avec la coopération de la police de Reggio en Calabre, a arrêté Giovanni Strangio. Ce mafieux calabrais de 30 ans est le présumé chef de groupe qui a assassiné six calabrais le 15 août 2007 à Duisbourg en Allemagne ( De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta ).

Au moment de la tuerie, Giovanni Strangio était le chef du « locale » (une circonscription mafieuses calabraise) de Duisbourg. En « cavale » depuis 2007, il résidait dans la banlieue d’Amsterdam avec son beau-frère, Francesco Romeo. Ce dernier est aussi un mafieux de haut rang et en fuite (retrouvez les photos en cliquant sur ce lien du quotidien de la Repubblica). Les deux compare en fuite vivaient une vie normale avec leur femme et leur enfant mais se travestissaient avec des péruques et des lunettes. Dans l’appartement, les policiers ont saisi un million d’euros en liquide, des faux passeports et une machine pour fabriquer des faux documents.

Si les deux fuyards possédaient un million d’euros en liquide, cela signifie que leur patrimoine est 10 à 20 fois supérieur ( Des statistiques à la réalité de la lutte antimafia )

En outre, comme à chaque arrestation, policiers et magistrats rappellent que les écoutes judiciaires (téléphoniques et à distance) ont été capitales pour la réussite des opérations.

Or le gouvernement de centre-droit veut limiter les écoutes et la saisis des biens mafieux. En 2005, le gouvernement Berlusconi avait proposé que les biens saisis à un clan mafieux puissent être rachetés en priorité par les membres de la famille du mafieux…

Enfin, les enquêteurs ont précisé que l’épouse et le fils de Giovanni Strangio « étaient très choqués ». La femme n’a rien dit aux enquêteurs, a reçu une assistance de la part de la police hollandaise et ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire.

Rendez-vous donc dans dix ans pour savoir si le phénomène mafieux est un perpétuel (re)commencement ( Joyeux Noël ).

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Arrestation de la « mamma »

mafia

La « mamma »

Le 15 octobre 2008, à 5h15, les policiers ont arrêté la « mamma », Antonio Pelle, 46 ans et chef de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Pelle-Romeo-Vottari opposée à la ‘ndrine Nirta-Strangio dans une faida depuis 1991. Antonio Pelle se cachait non loin de San Luca dans un bunker (cf. Le quotidien de l’Etat contre la ‘Ndrangheta et vidéo plus bas.)
Antonio Pelle est appellé la « mamma » par ses soldats qui lui vouent une grande dévotion comme en témoigne cet évènement : Duisburg, le 15 août 2007, un membre de la mafia calabraise apprend que 7 des membres de son clan viennent d’être assassinés (  De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta ). Il téléphone en Calabre pour informer la hiérarchie de la ’ndrine, la famille mafieuse calabraise.  Achille Marmo décroche. Son frère vient d’être assassiné mais il ne le sait pas encore. Celui qui téléphone pose une question à Achille Marmo : « la mamma è qui ? » (« La maman est-elle là ? « ). La « mamma » désigne Antonio Pelle, le chef de la famille en question.

A lieu de prévenir son interlocuteur que le frère de ce dernier vient d’être assassiné, le soldat de la mafia demande si le chef se trouve dans la pièce car c’est au chef que ce type d’information doit être délivré en priorité. La mafia c’est la tyrannie de la famille mafieuse. Le clan passe avant les sentiments.
Achille Marmo répond que la « mamma » n’est pas ici. Le messager transmet alors l’effroyable nouvelle : « ils sont tous morts… tu as compris ?… ils ont été tués… ton frère aussi. ».

Ici, le terme « mamma » remplace peut-être le terme « mammassantissima » qui désigne des capo-bastone, ces chefs de ‘ndrine de rang supérieur. Au dessus du simple capo-bastone, il y aurait le « santista« . Les enquêteurs estiment qu’Antonio Pelle est un « vangelo« , un rang au dessus du « santista« . Au dessus du « vangelo« , il y aurait d’autres grades. Dans la mafia calbraise, la hiérarchie est complexe et encore méconnue.

Bonne nuit Graziella

Voir "violence" et "latitanza" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaLe 18 mars, La Cour d’assise d’appel a confirmé la condamnation à vie des mafieux Gerlano Alberti (Jr) et Giovanni Sutera. En 1987, ces derniers avaient assassiné Graziella Campagna, 17 ans. La photo à gauche la représente peu de temps avant son décès. L’Etat italien a mis six ans à lui rendre justice. La mafia n’est pas le seul acteur de la société à avoir porté atteinte à cette jeune femme.

Les faits :
Un jour de décembre de 1985, la jeune femme travaillait dans une blanchisserie. Dans la poche d’une chemise, elle découvre des documents compromettant la « latitanza », la cavale, de Gerlando Alberti dans la région de Messine. Alberti était un chef mafieux très puissant. Il fit assassiner la jeune femme de cinq coups de fusil de chasse, lui défigurant volontairement le visage.

La mafia parle à la population :
La mise en scène de la cruauté constituaient un avertissement contre toutes personnes ayant des velléités de citoyenneté.

Graziella a été tué quatre fois :

  • Une première fois par Cosa nostra le 12 décembre 1985.
  • Une seconde fois par l’Etat italien. Après ce meurtre, ni les institutions ni la presse, n’ont cherché à résoudre ce crime odieux. Il semble que la région de Messine était un lieu de repli pour les trois mafias italiennes. Des complicités au sein des institutions ont passé leur temps à commettre des actes de « dépistages », terme italien pour indiquer l’altération des preuves et le conditionnement de la justice pour empêcher la manifestation de la vérité. L’enquête n’a été réouverte qu’en 1997; grâce à l’obstination du frère de la victime.
  • Un troisième fois par la justice « escargot » italienne. En 2006, les prévenus avaient été libérés parce que les délais légaux de leur détention provisoire étaient dépassés (comme dans le cas de Giuseppe Riina, cf. art. 14).
  • Une quatrième fois par le ministre de la justice. Au mois de novembre 2007, Clemente Mastella avait reporté la diffusion d’un téléfilm racontant l’histoire de Graziella. D’après lui, cette fiction télévisée conditionnait la bonne marche du procès en cours. Comment la vie d’une jeune femme de 17 ans aurait-elle pu altérer le principe d’un procès juste et équitable? Les mafieux n’ont-ils pas disposé des meilleurs avocats et de ressources économiques colossales pour assurer leur défense? Nous remarquerons que le ministre de la justice italienne raisonne comme les mafieux (cf. art. 18). Dans une autre affaire, des mafieux, par le bais de leurs avocats, ont attaqué le journaliste Saviano, considérant que ses articles conditionnaient leur procès!

Enfin, Clemente Mastella est le sénateur qui a fait chuter le gouvernement de centre-gauche au mois de janvier dernier. L’ancien ministre de la justice, mis en examen pour des délits de fraude, ne se sentait pas soutenu par ses camarades politiques. Si, comme les sondages le signalent, Silvio Berlusconi est élu au mois d’avril, Clemente Mastella aura contribué activement à remettre au pouvoir un homme politique dont la carrière doit beaucoup à la mafia (Na n°35 cf2r.org ).

Graziella a été assassiné quatre fois parce que les personnes chargées de lui rendre justice n’ont pas accompli leur mission. Elles ont assuré 23 ans d’impunité à la mafia et ont renforcé son pouvoir.

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