Articles avec le tag ‘violence programmée’
Violence programmée sur la plage… devant ses enfants et sa femme…
Samedi 7 juillet, il fait chaud sur cette plage de Calabre dans la province de Vibo Valentia (cf. Violence programmée…Vibo) et ‘Ndrines, armes et contrôle du territoire . Il s’agit d’une plage dévorée par les constructions illégales, une catégorie dans les écomafias, sur laquelle Davide Fortuna prend un bain de soleil avec sa femme et ses enfants.
A 17h30, un scooter arrive sur le bord de mer. Le passager descend avec le casque sur ma tête pour abattre froidement Davide. Sa femme, ses deux enfants de 10 et 7 ans, des membres de sa famille, des amis et une centaine de personnes présentes sur cette plage ont assisté à la scène.
La police retrouvera un scooter incendié et deux armes à feu. La victime est dans l’entourage de deux autres victimes par balle le 21 mars dernier. Une rivalité au sein des groupes de Piscopio d’où est originaire Davide Fortuna et de Stefanaconi a fait 5 morts et 4 blessés depuis 2011.
Une carte des clans ou ‘ndrines de Vibo d’après la commission parlementaire antimafia de 2008
Tous les mots en gras sont dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia en vente chez Ethicando (6 rue de la Grange aux Belles 75010 Paris Métro Bonsergent/Gare de l’Est/République/Colonel Fabien) ou sur Amazon.
Corse : mafia ou pas mafia? That is the question!
Info ou Intox: Existe-t-il une mafia en Corse ?
Une mafia existe-t-elle en Corse ? Etat des lieux et moyens de lutte dans le magazin Inchiesta présenté le 28 mars par Sébastien Tieri et Florence Antomarchi
Trois invités sur le plateau du magazine Inchiesta: Vincent Carlotti , ancien maire d’Aleria et Conseiller Général, l’historien Francis Pomponi. et le chercheur Fabrice Rizzoli, Docteur Sciences Politique, responsable de l’association anti-mafia « Libera ».
Fabrice Rizzoli , auteur du Petit dictionnaire énervé de la Mafia, est également l’un des animateurs en France de FLARE Network, premier Réseau Européen Associatif contre le Crime Organisé Transnational.
Independenza webtv sur mafias et grand banditisme
Independenza webtv s’entretient, vendredi 9 mars 2012, à Ethicando 6, rue de la Grange Aux Belles 75010 PARIS Métro : République ou Jacques Bonsergent avec Fabrice Rizzoli , auteur du « Petit dictionnaire énervé de la mafia » :
Mondialisation et acteurs criminels
– Les mafias italiennes (Cosa Nostra, ‘Ndrangheta, Camorra, Sacra Corona Unita)
– Qui est Matteo Messina Denaro ?
– ‘Ndrangheta investit la Côte d’Azur
Le grand banditisme français :
– Le milieu classique et le milieu parasitaire
– Le milieu corse
– Des franco-israéliens de Paris ont réalisé le casse du siècle (en milliards d’€, affaire de la taxe carbone)
– Les caïds des cités
Journée de la femme 2012 : le courage de témoigner
»Megghiu na figghia morta i na figghia disonorata » : Mieux vaut une fille morte que déshonorée
Propos tenus par le père de Simona
Elle 24 ans et la vie encore devant elle. Simona habite à Melicucco ; une ville près du port de containers de Gioia Tauro, non loin de la second villa Scarface mais aussi du plus grand centre commercial de la région… (cf Vengeance transversale ou conséquence de la mondialisation?). Elle est déjà mariée à un homme qui travaille dans le nord de l’Italie. Elle a un enfant de 4 ans mais s’ennuie. Elle utilise Facebook comme les mafieux de sa génération (cf. Trahi par Facebook). Elle rencontre un homme au point d’avoir une relation extraconjugale avec un électricien automobile de Gioia Tauro. Sa famille l’apprend et les surprend dans sa propre maison. Le jeune homme s’enfuie en voiture et le père et le frère de Simona le poursuivent. Elle fait de même et aperçoit son père un pistolet à la main en discussion avec l’amant. Puis, elle est éloignée et l’amant ne reaparaitra plus. Sa déposition devant les carabiniers va leur permettre de placer des écoutes et d’inculper le père et le frère. Domenico a été arrêté, Antonio est en fuite et Simona et son fils ont été placés sous protection, loin de la Calabre pour éviter la violence programmée. Elle n’est pas une collaboratrice mais un témoin de justice (distinction dans le Petit Dictionnaire énervé de la mafia)
Il n’y a peut-être même pas de dynamique mafieuse dans cette évènement (idem Antonino, 3 ans : victime « collatérale ») mais cela est révèlateur d’une mentalité mafieuse qui transpire et du courage des ses femmes de briser l’omertà.
Déjà en 2011 : Histoires de femmes dans la mafia et Journée de la femme 2011 : le courage de collaborer avec la justice, ces femmes ont montré qu’il n’existe pas d’autres alternatives à celle de l’état de droit. Et ce même si parfois, cela est tellement éprouvant que le pire arrive. Maria Concetta Cacciola a témoigné contre sa famille et s’est suicidée (après être revenue sans autorisation embrasser ses enfants dans la ville d’origine). Leo Garofalo a fait de même et le clan l’a assassiné et a dissous son corps dans l’acide (cf. Quitter le programme de protection : mauvaise idée!
Chapitre Femmes et mafia dans Petit Dictionnaire énervé de la mafia
Le « pape de Foggia » : 38 ans passés en prison et décès à 60 ans
11 janvier 2012, Giosuè Rizzi profite de la vie dans une des plus régions d’Italie, les Pouilles (cf.Violence programmée dans les Pouilles). Carpediem puisque ce boss de la Sacra Corona Unita de Foggia, agé de 60 ans, a passé 38 ans en prison, ce qui lui a permis de produire un livre (couverture à gauche)… En 2010, il avait été libéré après près de 23 ans de prison pour association mafieuse, 4 homicides, trafic d’armes et extorsion. Fondateur de la « Societa Foggiana », la structure mafieuse locale qui associé à d’autres forme la Scu, il a été condamné pour le « massacre du Bacardi » qui, en 1986, fit 4 morts dans le cadre de la guerre entre les clans Laviano et Rizzi. Il se dit que c’est le deuxième clan qui a remporté la mise. Pour autant, le 11 janvier dernier, Giosué Rizzi a a été abattu de 3 ou 4 balles de 9 mm dans une voiture arrêtée al semaforo.
Alerte : un journaliste menacé par la mafia
Giovanni Tizian : ghost of the civil dead
de Guillaume Origoni
Giovanni Tizian est un journaliste italien qui enquête depuis plus de cinq ans sur l’extension territoriale des réseaux mafieux. Ce métier est dangereux, mal payé et socialement sous évalué. Récemment menacé, il vient rejoindre le lot des journalistes vicitmes du crime organisé comme le rappelle le rapport de RSF (cf.“Crime organisé, main basse sur l’information”)
La vie de Giovanni Tizian est une histoire qui commence mal. La suite n’est guère plus réjouissante. En 1994 alors qu’il devait avoir approximativement 9 ans, son père est assassiné par la ‘Ndrangheta La famille quitte alors la Locride en Calabre pour Modena, en Emilie Romagne. En 2006, Giovanni devient journaliste et enquête sur les ramifications de la criminalité organisée dans le Nord de l’Italie. Son travail contribuera à l’établissement d’une cartographie précise des clans, notamment en Emilie.
Il est déterminé, rigoureux, précis et fait face à un ennemi tout aussi déterminé, rigoureux et précis. Tout laisse à penser que la publication récente de son livre : « Gotica ‘Ndrangheta, mafia e camorra oltrepassano la linea » est très renseignée. L’Etat Italien a décidé de le protéger 24h/24 et 7/7.
La mise en place d’une protection rapprochée pour un journaliste est toujours difficile à concevoir dans un Etat de droit. Pourtant, nous ne relatons point des faits émanant du Mexique ou de la Colombie, mais bel et bien de la région de Bologne où Giovanni Tizian avait, depuis peu, accepté la charge de prendre la direction de Libera Radio, la radio anti-mafia du réseau associatif éponyme.
Federico Lacche, rédacteur en chef de Libera, a fait part à mafias.fr de sa « vive inquiétude devant la prolifération incontrôlé des réseaux mafieux en Emilie Romagne et dans le Nord du pays. Nous ne pouvons pas encore parler de colonisation, qui serait un prélude au contrôle du territoire, mais nous craignons que cette phase soit en cours d’élaboration par les clans (voir l’article en italien « 1250 opérations bancaires suspectes en Emilie Romagne au cours des 6 derniers mois ».).
Le phénomène mafieux est endogène, même si le second conflit mondial servira de catalyseur à son enracinement par le biais de James Jesus Angleton (cf. Mafias italiennes et relations internationales), les anti-viraux que sécrètent le corps social italien le sont tout autant. Les difficultés de Giovanni Tizian ont provoqué une réponse citoyenne sous l’impulsion de l’association da Sud qui a mis en place un réseau d’escorte civile et populaire.
Le journaliste doit également faire face à une difficulté supplémentaire, celle d’être un journaliste précaire, enchainant les piges mal payées malgré le sérieux de ses enquêtes. Ce qui le place de facto dans une situation d’insécurité sociale extrême : démuni, isolé et condamné à mort par la mafia la plus puissante au monde (cf. ‘Ndrangheta « mafia number one »).
Good night and good luck …
Son ITW sur Libera Radio ici
L’alerte lancée par Antonella Beccaria : ici
PS : de Guillaume Origoni
Le renseignement contre les mafias)
« La plage » : un film de Guillaume Origoni avec Antonino Agostino…
Concours externe d’association mafieuse… ou complicité…
La police italienne a lancé une vaste opération contre un clan Caridi de Reggio en Calabre, un clan affilié à la « ndrine Libri. Pour les affiliés, l’accusation est association malfaiteurs à des fin d’extortion et détérioration. Par l’application de la violence programmée, ils rackettaient les commerces dans les quartiers Ciccarello, Modena et San Giorgio Extra.
Cette opération fait suite à celle d’avant avec 21 arrestations avec cette fois des accusations d’association mafieuse, extorsion, usure, elle même dans la continuation de l’opération ”Alta Tensione” qui concernait 33 personnes dont Giuseppe Plutino, 47 ans et conseil municipal de Reggio. Ce dernier est accusé de concours externe en association mafieuse. Toutes les explications dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia…
Contre la violence programmée : la collaboration de Monica
Spéciale dédicace aux femmes (cf. Pas de femme, pas de mafia), en particulier aux Monica …
Monica Vitale, femme de l’homme d’honneur Gaspare Parisi du quartier de Borgo Vecchio de Palerme (carte à gauche), prélevait le pizzo pour le mandamento de Porta Nuova (cf. Sicile 2 : « Discipliner le territoire »).
Mais la machine mafieuse se grippe. Les capi-decine (chef de groupe de soldats) accusent Monica de ne pas avoir rapporté l’intégralité des sommes provenant du racket à l’échelle du canton mafieux (mandamento). Elle est sommée de rendre de l’argent. Elle peut devenir à tout moment un cadavre ambulant.. Elle le sait… La violence programmée est là, à chaque coin de rue. Elle la sent qui rode. Contrairement à une idée reçue, la mafia n’hésite pas à tuer les femmes (cf. Quitter le programme de protection : mauvaise idée!). La grande faucheuse rationnelle de la mafia se balade dans son quatrier. Sa vie dépend désormais des arbitrages que feront les chefs dans son dos.
Peut-être accusée à tort et face au risque élevé de mort, elle se rend chez les carabiniers en remplissant des dizaine de procès verbaux (cf. Histoires de femmes dans la mafia). Elle fait la lumière sur le monde clandestin de Cosa nostra (cf.Journée de la femme 2011 : le courage de collaborer avec la justice). Ici, sur la mort de l’avocat pénaliste ancien député d’extrême-droite Enzo Fragala, battu à mort le 23 février 2010 à la sortie de son cabinet dans le quartier Kalsa du Palais de justice (carte à droite). Grâce à Monica, on apprend Il s’agirait en fait d’un avertissement qui aurait mal tourné. L’avocat aurait manqué de respect à la femme d’un boss incarcéré et ce dernier, depuis la prison, aurait organisé ce pestaggio qui à la base ne devait être qu’une leçon.
Ce qui est drôle c’est que les journalistes passent d’une piste mafieuse (l’avocat en savait trop) à une piste « passionnelle » (La Repubbica). Le fait qu’un boss corrige un avocat pour manque de respect envers sa femme serait un mobile passionnel ! Il n’est n’est rien. Il s’agit de l’application de la violence programmée dans son expression la plus classique : le contrôle du territoire. Selon une typologie d’Umberto Santino, la mafia utilise, entre autre, la violence sytsémique pour défendre son ordre social animé par l’honneur et la vengeance. Que resterai-il du pouvoir d’un chef mafieux qui n’aurait pas vengé l’affront fait à son épouse?
Par ailleurs, le cabinet de l’avocat se situant dans un autre territoire que celui du mafieux concerné, le demande de passage à tabac a suivi la voie hiérarchique. Le mafieux déshonoré par l’avocat s’est plaint au capomandamento de Porta Nuova (carte à gauche), Tommaso Di Giovanni et l’a convaincu de procéder à l’application de la violence programmée. Seulement après accord du mandamento, les soldats ont donné une leçon à l’avocat.
Rien de passionnel ! Que du rationnel!
Notons que le boss Lo Presti (voulant remplacer le big boss Lo Piccolo après son arrestation en 2007), arrêté en 2008 et suicidé en prison (cf. Opération Persée, le dieu qui décapita la méduse… ), avait conseillé à Monica de quitter l’univers mafieux : « un milieux pas fait pour les femmes » cit.
Conclusion, on ne quitte la mafia vivant que d’une manière : en collaborant avec la justice (cf. (cf. MafiaS et trahisonS au regard des sciences sociales).
Itv Planète investigation
Chaque semaine, Samira Ibrahim met le cap hors des frontières de l’Hexagone. «Planète investigation» aborde un thème de manière approfondie, avec un documentaire de 52 minutes suivi d’un grand reportage de 26 minutes. L’occasion de décrypter sous tous les angles, de l’intérieur puis avec du recul, des sujets passionnants. «Planète investigation» met le cap sur la Sicile avec la diffusion des documentaires «Cosa Nostra, autopsie d’une mafia» et «Buenaventura, l’escale interdite».
Le documentaire en question sur Cosa nostra sicilienne est réalisé par Agnès Gattegno, produit par : TAC PRESS en 2007. Retrouvez l’Itv de Fabrice Rizzoli qui se mélange un peu le pincaux avec les chiffres de collaborateur de justice.
En réalité, les collaborateurs de justice (« repentis ») était 791 en 2007. Voici, l’ultime source officielle à ce sujet (cliquez), ce qui fait un total de 3 000 personnes à protéger. I est vrai que le nombre de collaborateur de justice était plus important dans les années 90 soir plus de 1 000 par an. Le chiffre que je n’arrive pas obtenir est le nombre total de repentis que l’état italien a protégé depuis 1991. A la louche, je dirai 3 000 (en comptant les décés, les rechutes environ 5%, et les sorties du programme du à l’arrêt de menace). L’état aurait peut être protégé en tout 6 000 personnes (en tout cas pas 6 000 mafieux comme je le déclare dans le reportage) enjoy 🙂
Le triomphe de l’omertà?
Dans la campagne de Varapodio (près de Reggio Calabre), iI est encore tôt ce matin du 28 septembre 2011 quand deux jeunes frères se rendent au champ. Encore sur leur tracteur, Francesco et Carmelo Donato âgés de 18 et 26 ans essuient des tirs de fusil calibre 12 et sont abattus.
En 2000, leur père, Saverio (proche du clan Barca de Varapodio), avait déjà été assassiné pour avoir commis un affront envers le clan Mammoliti (cf. Hypothèses du policier antimafia. L’auteur du meurtre avait alors été arrêté grâce au témoignage de Carmelo. Agé à l’époque de 15 ans, il avait assisté au meurtre de son père et avait témoigné avec courage.
Le meurtrier, Antonio Mammoliti, était le neveu de Saverio Mammoliti, boss de la ‘ndrine du même nom. Nul doute que le clan vient de se payer une double violence programmée afin de faire triompher la loi du silence. En assassinant 11 après le témoignage, le clan applique sa justice intemporelle qui le rend supérieur à celle de l’état de droit, faisant de l’omertà, une loi « cosmogonique » supérieur à celle des hommes.
La ‘ndrine en question avait des intérêts dans le centre commercial Auchan par l’intermédiaire du boss Rugolo : Vengeance transversale ou conséquence de la mondialisation?
Ps : la vision des photos des deux jeunes victimes me font venir les larmes yeux