Antonino, 3 ans : victime « collatérale »

Vendredi 6 juin 2008, deux personnes circulent sur un scooter dans les rues de Melito Porto Salvo en Calabre. Le passager sort un pistolet de calibre 7,65 mm et tire deux coups de feu dans la direction d’un cycliste. Celui-ci réagit en lançant son vélo sur ses agresseurs qui prennent la fuite.
La victime, Francesco Borrello, 50 ans, a reçu une balle dans la jambe et ses jours ne sont pas en danger. Francesco Borrello est un repris de justice. Il venait de sortir de prison. En 2004, il avait tué deux personnes. La justice l’avait condamné à 16 ans de prison selon une procédure abrégée, ce qui veut dire que l’accusé avait reconnu les faits pour obtenir une peine plus légère. Par la suite, la Cour d’assise d’appel avait réduit la peine à trois ans et quatre mois lui reconnaissant la circonstance atténuante de la légitime défense.
Les journaux n’osent pas qualifier ce guet-apens de règlement de compte mafieux. Pourtant l’hypothèse la plus probable est la suivante :
Francesco Borello est lié à une ‘ndrine, une famille mafieuse calabraise. Il tient une salle de jeux. Au mois d’avril 2004, il doit mourir mais ses agresseurs tombent sur un os. Francesco Borello en tue deux et en blesse un autre. Les commanditaires patientent et décident de frapper une nouvelle fois.
Le sociologue Umberto Santino (CDS) appelle cela la « violence programmée ». La mafia est une « institution juridique » qui conteste la justice de l’Etat. En 1986, la ‘ndrine De Stefano envoie un soldat assassiner un des tueurs du chef Paolo de Stefano. Là, à côté du tribunal de Reggio, le sicaire, froid et calme, fait son chemin au milieu de la foule : « Pardon M. l’avocat, vous voulez bien vous écarter ». Puis, il tire et repart comme il était venu.
Vendredi dernier, une des balles a fini sa course dans la gorge d’un enfant âgé de trois ans qui donnait un spectacle scolaire de fin d’année. Le projectile est encore dans son cou et les médecins ne sont pas optimistes. Retrouvez les images de la scène de crime en cliquant sur ce lien.

Je dédie cet article à un ami. Le 15 août 1985, par une nuit chaude du sud de la France, je l’attendais. En sortant de chez lui, il a reçu deux balles à bout portant. Aux dernières nouvelles, un des projectiles est encore logé à la base de sa boite crânienne. En espérant qu’il en sera ainsi pour le petit garçon de Melito Porto Salvo.

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