Articles avec le tag ‘impunité’

L’Italie, la Calabre et les anticorps

Le 30 décembre 2008, il est 20h30 à Isola Capo Rizzuto, dans la province de Crotone en Calabre. Antonio Laporta, 54 ans, ferme son supermarché. Tous les employés sont déjà partis. L’entrepreneur s’apprête à monter dans sa berline allemande quand on lui tire trois balles dans le dos puis trois autres dans la tête. Cela ressemble à une exécution
mafieuse sauf que le petit calibre 7,65 mm utilisé ne correspond pas aux us et coutumes de la mafia. Par ailleurs, la victime n’avait pas de casier judiciaire, et ne semblait pas afilliée à une famille mafieuse. Reste qu’elle était propriétaire de deux supermarchés et d’une discothèque, de quoi faire des envieux.

Le 31 janvier 2008, à Filadelfia, dans une forêt à cheval entre la province de Vibo Valentia et celle de Catanzaro, un jeune homme a été sequestré, battu, attaché à arbre et brulé vif. La victime aurait commis un « sgarro », un affront, envers un jeune proche du clan Anella de Filadelfia. Les policiers ont retrouvé les auteurs de cet acte de torture et de barbarie grâce à des témoins.
Cette tentative de meurtre pourrait être liée à cinq actes de « lupara biancha » (disparition mafieuse Le « repenti » rétablit l’Etat de droit en Italie ). Dans les communes de Filadelfia, de Francavilla Angitola, d’Acconia di Curinga et de Pizzo, entre 2005 et 2008, cinq personnes ont disparu dont le frère de la victime du 31 décembre dernier. Un journaliste qui a enquêté sur ces morts suspects est aujourd’hui menacé de mort.

Le 3 janvier 2008, à Taurianova, dans la province de Reggio, des individus ont abbatu à l’aide d’un fusil de chasse, le cheval appartenant au maire de la ville. Elu sur une liste du centre, le nouveau maire s’est distingué par des décisions peu favorables aux clans de la zone. Le mois dernier, sa voiture et celle de son premier adjoint ont été incendiées.

Les citoyens calabrais subissent la mafia. Dans chacune de ces affaires, des gens honnêtes (témoins, journalistes, hommes politiques et victimes), ont tenté de lutter contre les clans. L’Italie disposent des meilleurs outils juridiques pour lutter contre la mafia. La société italienne possèdent des anticorps… à condition que le pouvoir politique veuille bien les utiliser( La confiscation : enjeu politique majeur ).

Le terrorisme mafieux dans la crise du système politique italien

Analyse géopolitique des relations « politico-mafieuses » après la chute du mur de Berlin,

revue de l’Institut de Recherche de L’European Business school, n°11, 2008

Entre 1992 et 1993, Cosa nostra sicilienne commet pas moins de 7 attentats dont celui de Florence en 1993 (en photo) ; des attentats déjà évoqués le 12 janvier 2002 au cours d’un colloque et qui ont fait l’objet d’une attention particulière dans un article tiré d’un thèse (cf. Mafias italiennes et relations internationales) :

La fin de la confrontation « Est-Ouest », entraîne dans sa chute le « système politico-mafieux » d’après-guerre et la « première République » (1945-1992)1. Au cours de la « deuxième République », les mafias italiennes perdent l’importance qu’elles ont eu sur la scène politique et militaire dans la stratégie américaine du containment visant à empêcher tout pays du monde libre à basculer dans le communisme.

Les années quatre-vingt dix sont d’abord marquées par une confrontation entre la justice, les organisations mafieuses et une partie de la classe politique. De 1992 à 1994, l’Italie connaît une phase d’instabilité politique et économique. De nouvelles lois, un relatif renouveau de la classe politique amène à penser qu’une « seconde République » est née. Ce contexte permet une offensive des magistrats contre les organisations mafieuses et leurs complices. Face à ce nouveau rapport de force, la mafia s’adapte et reconquiert les alliances politiques. L’alibi de la lutte contre le communisme qui freinait la répression contre les mafias semble caduc. Les politiques ne sont plus en mesure de garantir l’impunité des mafieux. Les relations-politico-mafieuse semblent entrer dans une nouvelle ère.

Les magistrats profitent de ce vide politique et de la remise en cause de la loi du silence pour infliger des coups sérieux aux organisations mafieuses. La réponse de la mafia se résume à une stratégie terroriste. Par la suite, les victoires étatiques comme la terreur mafieuse ont peut-être laissé place à une nouvelle forme de pacte.

La suite :

1 La notion de changement de République en Italie ne repose pas sur une rupture constitutionnelle comme c’est le cas en France.

Droite Champagne, bourgeoisie mafieuse et banqueroute à Catane

Que Catane est triste ! Catane, la ville des métamorphoses que l’on croyait débarrassée de la  » malavita  » et de l’argent sale, ne fera plus parler d’elle pour sa Movida mais pour sa banqueroute après le passage (2000-2008) de son maire de Forza Italia. Umberto Scapagnini, baptisé  » Sciampagnini  » (prononcé champagnini en italien) par la gauche pour son côté champagne et petites pépées, est aussi le médecin de Silvio Berlusconi. Après avoir ruiné la ville, Umberto Scapagnini a été élu député en 2008… une belle récompense !

Le crack financier est sans précédent. Catane, deuxième ville de Sicile est aussi appelée la Milan du sud. Une ville qui était dynamique économiquement mais régie par la corruption. Le 2 mai 2008, le nouveau député est condamné à 2 ans et demi de prison.

Les bilans des années 2003 et 2004 étaient maquillés pour cacher d’importants déficits. La cour des Comptes a épinglé l’assesseur chargé des finances de la commune. En effet, afin d’acheter son élection en 2005, l’ancien maire de droite a distribué les indemnités liées aux catastrophes volcaniques aux 4000 salariés de sa commune. Pour le même motif, il a donné le grade d’inspecteur à 535 policiers municipaux. A Catane, il y a 540 policiers… Il ne reste plus que 5 agents de police. Ce n’est pas grave. De toute façon, l’administration n’a plus les moyens de payer de l’essence à ces agents !

Les ordures s’accumulent un peu partout dans la ville car les sociétés chargées du ramassage n’ont pas été payées, tout comme les employés communaux et ceux des services sociaux sans salaire depuis le mois d’août. Même les pompes funèbres, faute de salaires, ont refusé d’enterrer les morts.

L’Enel, le fournisseur d’électricité (EDF italienne) rarement payé a coupé le courant électrique plongeant plusieurs quartiers de la ville dans l’obscurité. Une représentation musicale au théâtre Bellini a pu se dérouler grâce aux voisins qui ont accepté que le théâtre se branche sur leur prise.

Au mois d’octobre, les Catanais ont pu voir que leur statue symbole, un éléphant de pierre de lave  » U Liotru »   (en photo), être proposé au plus offrant sur eBay. Lors des dernières élections, les Catanais ont choisi de renouveler leur confiance à un élu issu du même parti que le précédent, comme si rien ne s’était passé. Il faut dire qu’à Catane, on ne distribue pas l’édition régionale de la Repubblica, le journal de centre-gauche italien. Catane, sa proivince et la région sicilienne sont aux mains de la bourgeoisie mafieuse. ( Arrestation au sein de la bourgeoisie mafieuse ).

Article écrit par Danielle Matus

Bienvenu au royaume de l’impunité

L’article 41 bis du code de procédure pénal italien prévoit un régime carcéral strict pour les chefs mafieux. Cela permet d’isoler le mafieux de son milieu criminel, de ses complices et de lui enlever le pouvoir de commander sur son territoire. L’article 41 bis n’est pas un régime d’un emprisonnement inhumain. Les chefs mafieux ont le droit de voir leur femme et leurs enfants[1], sans parler de leurs avocats…
Cette limitation des visites permet, peu ou prou, aux enquêteurs de restreindre le pouvoir de nuisance du mafieux emprisonné. A ce jour, 566 chefs mafieux sont soumis aux règles de l’article 41 bis. Cela ne représente que 6,5% des mafieux emprisonnés…
Le mafieux veux bien aller en prison! Cela fait partie de son travail et lui donne du prestige. En revanche, il déteste perdre le contrôle sur sa famille mafieuse. Depuis l’introduction de ces normes, les familles mafieuses ne cessent de solliciter les politiciens pour qu’ils les éliminent. En 1993, les mafieux avaient commis des attentats pour mettre fin au 41 bis. Il semble qu’ils aient gagné leur bras de fer avec l’Etat.
En effet, depuis six mois, les tribunaux d’application des peines ont révoqué le régime d’emprisonnement strict à trente sept parrains. Parmi eux se trouvent quatre capibastone, des puissants chefs de ‘ndrines, les familles mafieuses calabraises, de la ‘Ndrangheta considérée comme la mafia plus dangereuse en Italie (art. La ‘Ndrangheta comme Al Quaida? ). Il y a également des « boss » palermitains qui ont décidé la mort des juges Falcone et Borsellino en 1992. Le dernier en date, se nomme Antonio Madonia. Il est le chef de la cosca, la famille mafieuse palermitaine de Resuttana (en photo). Jeune, Antonio Madonia a participé à l’assassinat du préfet Carlo Alberto Dalla Chiesa.
A chaque fois, les magistrats justifient leur décision de révocation par « il n’a pas été démontré que le détenu avait la capacité de maintenir encore des contacts avec l’association criminelle d’appartenance ». Une réforme s’impose. Celle-ci serait basée sur la dangerosité du personnage et non plus sur sa capacité a garder le contact avec son clan. On ne voit pas comment la majorité au pouvoir ferait cette réforme. En trois mois, elle vient de proposer :
– l’interdiction faite à la presse de publier les écoutes téléphoniques à disposition de la justice;
– l’immunité totale pour le président de la République, pour le président du Conseil constitutionel, pour les deux présidents du Parlement et pour le président du Conseil.
– la suspension de tous les procès en appel pour des délits punis par moins de 10 ans d’emprisonnement.


[1] Le Conseil constitutionnel n’a cessé de rogner sur les applications du 41 bis.

Le « repenti » rétablit l’Etat de droit en Italie

Le 10 juin 2008, des tests ADN ont confirmé que la police a retrouvé les restes de Lino Spatola à Villagrazia di Carini (Palerme). Lino Spatola était un vieux chef de famille mafieuse du quartier de Tommaso Natale de Palerme. Au mois de septembre 2006, il est convoqué par le boss Lo Piccolo[1]. Depuis il était porté disparu. Lino Spatola a certainement été étranglé. Il a été, en réalité, assassiné à la manière dite de la « lupara biancha ». Les autorités n’étaient pas censées retrouver son corps.
La disparition mafieuse peut avoir cinq fonctions. La première est de ne pas laisser d’indices. Les forces de l’ordre résolvent plus facilement un cas d’homicide lorsqu’elles disposent d’un cadavre.
La deuxième fonction de la lupara biancha est de semer le doute au sein même de la mafia.
Personne ne sait qui a tué et tous s’accusent. Cela crée une division qui profite au clan qui a de l’avance, c’est-à-dire celui qui a procédé à l’assassinat.
Dans le cas où l’identité du commanditaire ne fait aucun doute, la lupara biancha a une vertu pédagogique. Le mafieux donneur d’ordre devient « tout puissant » aux yeux de la population. Il a tué sans même le montrer. Une telle action revêt un caractère métaphysique.
Enfin, ne pas rendre le corps à la famille du défunt constitue une punition de
plus : une double peine.
Les forces de l’ordre ont pu faire la lumière sur ce meurtre grâce à la collaboration du mafieux Gaspare Pulizzi, un soldat aux ordres de Salvatore Lo Piccolo. Les autorités italiennes ont donc rétabli l’état de droit grâce à un « repenti ».

Le nouveau gouvernement vient de s’attaquer à limiter les écoutes téléphoniques dans la lutte contre la criminalité. Nul doute qu’il va bientôt faire de même avec les collaborateurs de justice.



[1] Dans l’univers mafieux, les convocations sentent la mort mais il est difficile de refuser car cela reviendrait à être exécuté de toute façon. On peut revoir la scène du film Donnie Brasco où Al Pacino croit qu’il va être tué et y va quand même.

[2] En effet, il était logique de penser que Nino Rotolo et non Salvatore Lo Picollo avait fait tuer Lino Sapatola.

« L’écharde mafieuse » au sein de la gauche italienne

Mirello Crisafulli, sénateur élu lors des dernières élections législatives, appartient au Parti Démocrate (PD), le parti de centre gauche italien désormais dirigé pas Walter Weltroni. En 2001, Mirello Crisafulli rencontre l’avocat mafieux Raffaele Bevilacqua dans un hotel de Pergusa, une ville de la province d’Enna en Sicile. Les carabiniers, qui surveillent Raffaele Bevilacqua, filment par hasard la réunion entre l’homme politique de gauche et le mafieux name= »sdfootnote1anc » href= »http://srv03.admin.over-blog.com/#sdfootnote1sym »>1. La vidéo est affligeante, les deux protagonistes s’embrassent sur la joue, parlent d’affaires et de politique, en particulier d’un campus universitaire à réaliser à Enna bassa. Le projet était évalué à 120 milliards de lire. « Si ce sont mes amis, ce sont aussi les tiens » dit le mafieux au politicien.

Pour avoir dialogué avec un mafieux, Mirello Crisafulli (dont on peut voir la photo à droite) a été poursuivi par la justice. Les magistrats instructeurs ont classé sans suite l’accusation de « concours externe en association mafieuse » au motif que cette rencontre n’a apporté aucun avantage à la mafia. Dans leur décision de classement, les magistrats on pris soin d’écrire «  Crisafulli a démontré sa disponibilité à maintenir les rapports avec l’avocat Bevilacqua ». Les magistrats insitent sur le fait que l’homme politique de gauche, Mirello Crisafulli, ne pouvait ignorer le caractère mafieux de son interlocuteur.

Pour conclure :

depuis que les forces de l’ordre utilisent la vidéo pour confondre les mafieux et leurs complices, il devient difficle, pour ces derniers, de nier leurs « contiguïtés mafieuses ». 

Le Parti Démocrate : un parti qui fait de la lutte contre la mafia un priorité, aurait dû refuser la candidature d’un homme politique qui partage les valeurs de la mafia.

1En 2001, l’avocat Raffaele Bevilacqua est le représentant de Bernardo Provenzano, le chef de la mafia sicilienne. Bevilacqua aurait participé à une réunion au sommet en 1991 lorsque la « coupole » a décidé les assassinats de Giovanni Falcone et Paolo Borsellino (assassinés en 1992). En 2006, Rafaelle Bevilacqua a été condamné pour association mafieuse.

Au mois de mai, on dit : merci « poulets »!

Bilan des saisies des biens mafieux par les forces de l’ordre au mois de mai 2008 :

La Direction des enquêtes contre les mafias (DIA) de Reggio a saisi des biens dont la valeur avoisine 50 millions d’euros. Ils étaient de
la propriété d’un chef d’entreprise, âgé de 75 ans, installé à Cesena dans le Centre de l’Italie. Ce dernier, originaire de Calabre, était en réalité le « trésorier » du mammasantissima Pasquale Condello arrêté au mois de mars dernier (
art. 9).
La DIA a fait de même (pour un million d’euros) à la famille Crea de Rizziconi (reportage Arte). Parmi les biens figure un appartement de luxe à Rome.
Déjà au mois de juillet 2007, la magistrature avait saisi pour 47 millions d’euros de valeurs à cette même ‘ndrine.
La DIA de Reggio a confisqué définitivement les biens (2 750 000 euros) de deux affiliés de la ‘ndrine Libri qui domine le quartier de San Giorgio Extra de Reggio en Calabre.
Le tribunal de Catanzaro a fait saisir pour 6 millions de biens à la ‘ndrine calabraise La Rosa qui sévit à Tropea. La gardes des finances a, par exemple, mis sous séquestre une structure hôtelière de plus de 6000 mètres carrés.
La DIA a confisqué de manière définitive des biens évalués à plus d’un million et demi d’euros à l’avocat Raffaele Bevilacqua, capomafia d’Enna en Sicile (art. 60).
Enfin, les carabiniers ont procédé à la saisie de 2 millions de biens au clan Telegrafo. Ce clan, de la Sacra corona unita, sévit à Bari dans la région des Pouilles. Au mois de février dernier, la police a arrêté 24 membres du clan Telegrafo suite à des écoutes téléphoniques. Les jeunes recrues faisaient état de leur volonté de faire « les kamikazes pour sauvegarder le clan » ! Les forces de l’ordre étaient contraintes à intervenir.

A peine 3% des biens appartenant à des mafieux sont confisqués définitivement par l’Etat italien. On
peut saluer la ténacité des policers et des magistrats. A l’image de cet article, leur métier, répétifif, semble sans fin.

Pourquoi Renato Schifani est-il président du Sénat?

Schifani mafia

Napoletano et Schifani

Le nouveau gouvernement Berlusconi a nommé Renato Schifani président du Sénat, une des plus hautes charges de l’Etat italien.
Renato Schifani, palermitain et avocat de profession, est sénateur de Forza Italia depuis 1995.
En 1978, il fonde la société«Sicula brokers» avec Nino Mandala et de nombreux entrepreneurs qui seront condamnés par la suite pour association mafieuse !
Nino Mandala est le capomandamento de Villabate. Il est donc le chef de plusieurs familles mafieuses de la banlieue de Palerme ! Nino Mandala et son fils Nicola, ont assuré la « cavale » de Bernardo Provenzano, le chef de la mafia sicilienne de 1993 à 2006. Les Mandala, père et fils ont organisé, en 2003, le voyage de Provenzano dans une clinique à Marseille.
En 1995, Nino Mandala a des responsabilités au sein la section provinciale du parti Forza Italia. Au même moment, la commune de Villabate demandait conseil à Renato Schifani en matière d’urbanisme. En réalité, il s’agissait d’un projet de construction d’une très grande surface avec des fonds mafieux. En 2004, devant la troisième section pénale du tribunal de Palerme, Renato Schifani a reconnu avoir été en affaires avec Nino Mandala. Jamais la bourgeoisie mafieuse sicilienne n’était arrivée aussi haut dans la hiérarchie de l’Etat italien.

Les étrangers : instruments de la Camorra

Voir Xenos dans le petit dictionnaire énervé de la mafia Le 13 mai, une partie de la population de Ponticelli, un quartier populaire dans la périphérie de Naples, s’est livrée à des expéditions punitives contre la communauté « Rom ». Des personnes ont été agressées, des camps ont été vidés par la force de leur population et d’autres ont été incendiés (photo à gauche dont vous pouvez retrouver la série en cliquant ici).
Une tentative d’enlèvement d’enfant serait à l’origine de cette « nuit de cristal napolitaine ». Le 11 mai, une Roumaine de 16 ans aurait enlevé dans un appartement un bébé âgé de 6 mois. La maman, arrivée à temps, aurait fait fuir la jeune Roumaine qui a été arrêtée peu après. Mais, cette jeune étrangère ne semble pas appartenir à la communauté « Rom » de Ponticelli. Elle se serait échappée d’un centre de rétention pour mineurs. Enfin, les habitants de la résidence, où a lieu la tentative d’enlèvement, affirment que la jeune Roumaine n’avait pas de complices. L’enlèvement semble constituer un prétexte pour se défouler sur la communauté la plus pauvre. La police a même dû intervenir le 14 mai pour expulser des étrangers afin d’éviter un carnage. Les enquêteurs ne sont pas dupes. Ils voient dans ce lynchage la main de la Camorra. Les soldats du clan Sarno ont incendié les camps puis ont envoyé leurs femmes et leurs complices, au casier judiciaire vierge, manifester devant les camps des « Roms ». Le lendemain, les enfants du clan récupéraient ce que les « Roms » ont dû abandonner dans leurs baraques. La police a procédé à des contrôles d’identité et il semble que tous les acteurs sont proches du clan Sarno

Bilan :

Depuis plusieurs années, la Camorra exploitait les « Roms » (voir article précédent).
Il aura suffit que les hommes politiques changent de ton envers les immigrés pour que la Camorra comprenne qu’elle a intérêt à faire évoluer sa stratégie.
Il aura suffit d’une bonne occasion (la tentative d »enlèvement dont les contours restent à clarifier) pour que la Camorra passe à l’action.
Ainsi, aux yeux de la population, la Camorra a résolu le problème de l’immigration roumaine. Elle ridiculise l’Etat qui n’a jamais été capable d’apporter des solutions.
La mafia a encore augmenté son capital de consensus social. En venant au secours d’une petite fille enlevée, le clan se pose en justicier.
Enfin, les terrains incendiés font partie d’un plan d’urbanisation. Depuis moins d’un mois, des appels d’offres ont été lancés pour construire des résidences, des appartements, des écoles et des hôpitaux. Un financement de 7 millions d’euros est déjà disponible. Or, dans le cas où les travaux ne commençaient pas avant le mois d’août, l’argent aurait été perdu. Pour qui?

Les blanchisseurs de la mafia

Le 8 mai 2008, les juges antimafia de Palerme ont mené une opération contre le blanchiment d’argent provenant des familles mafieuses. Les magistrats ont fait arrêter Francesco et Ignazio Zummo, père et fils. En 2006, ces entrepreneurs ont déjà été condamnés pour le délit d’association mafieuse. Ayant accepté un procédure abrégée, ils ont donc reconnu leur action pro-mafia devant la justice. Celle-ci a aussi mis en examen un banquier suisse accusé d’attribuer des biens à des prête-noms. Depuis 2003, il était l’intermédiaire entre les chefs d’entreprises Zummo et un banquier de Nassau. Les entrepreneurs téléphonaient depuis des cabines publiques de Palerme au banquier Suisse qui donnait ensuite les ordres à une banque implantée aux Bahamas. La justice a saisi le compte en banque, dénommé Pluto, créditeur de 13 millions d’euros, et elle a pu mener des perquisitions dans des agences
bancaires à Milan et à Lugano.

La lutte contre le blanchiment est indispensable à la lutte antimafia voir l’affaire dnas ce reportage sur la confiscation


Le porte-monnaie, talon d'Achille de la mafia di euronews-fr

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