Articles avec le tag ‘drogue’

Australians do it better !

Au mois d’août 2008, la police australienne, en collaboration avec de nombreuses polices étrangères, a procédé à la saisie record de 15 millions de pastilles d’ecstasy. Les 4,4 tonnes de stupéfiants étaient dissimulées dans des boites de tomates placées sur un navire destiné à Italie.  A la tête de ce trafic, un « boss » de la mafia calabraise Francesco Modafferi, 47 ans, un mafieux originaire de Plati en Calabre. La ‘Ndrangheta est présente en Australie depuis plus de quarante ans. Dans les années soixante, elle cultivait du cannabis pour les soldats américains présents au Vietnam.
Depuis l’arrestation du chef mafieux calabrais, les enquêteurs ont découvert, non sans émoi, que le « boss » bénéfici
ait d’une dérogation un peu spéciale délivrée par le ministre de l’immigration du dernier gouvernement conservateur. La ministre est intervenue en personne pour annuler l’ordre d’expulsion du chef mafieux en lui accordant un visa à titre humanitaire (pour raison mentale). Il faut dire que la famille du mafieux avait été très généreuse en matière de dons envers le parti libéral australien. Pourtant, en 1998, la justice australienne avait signalé que les frères Madafferi étaient des mafieux calabrais suspectés de meurtre et d’extorsion. La ministre en question est aujourd’hui ambassadrice de l’Australie en Italie…

‘Ndrangheta transnationale

mafiasAu mois d’août, toute l’Italie est à la plage ; pas les carabiniers du Ros (spécialisés dans la lutte contre la criminalité organisée) qui se sont rendus au Canada dans la plus grande discrétion. Le 7 août 2008, A Markham dans la province de Toronto, les fonctionnaires du Border Service Agency,  de la Royal Canadian Mounted Police, de l’Opp et de la police de Toronto font irruption dans un appartement luxueux qui face au Lac Ontario. Les policiers arrêtent Guiseppe Coluccio (en photo en haut), 42 ans, membre de la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise. Il était inscrit sur la liste des 30 fugitifs les plus dangereux d’Italie. En 2005, le mafieux avait échappé à une opération de police et s’était réfugié au Canada. Dans l’appartement, les policiers ont retrouvé plus d’un million et demi de dollars canadiens en liquide, en traveller chèques, en chèques et en bijoux.
Giuseppe Coluccio appartient à la ‘ndrine, une famille mafieuse calabraise, Coluccio-Aquino originaire de la ville de Marina Gioiosa Ionica. Cette ‘ndrine est très active dans le trafic de stupéfiant à partir du Canada. L’enquête démontre que Giuseppe Coluccio faisait le trait d’union entre les ‘ndrines de Reggio et Cosa nostra sicilienne, les clans turcs et colombiens pour importer des stupéfiants en Europe. En 1998, une autre enquête révélait que par l’intermédiaire de ce mafieux, les clans calabrais et siciliens avaient importé deux mille kilos de cocaïne en Italie !
Giuseppe Coluccio a été extradé en Italie. Il ne lui reste plus qu’à collaborer avec la justice de son pays…

Milan submergée par la drogue de la ‘Ndrangheta

La 29 juin 2008, la police judiciaire de Milan à lancé une vaste opération antidrogue contre 29 personnes. Dans le quartier de Quarto Oggiaro, à l’Ouest de Milan (sur la carte à gauche), une famille originaire de Crotone en Calabre distribuait des stupéfiants à la manière d’un « marché à ciel ouvert ». Ce supermarché de la cocaïne rapportaient 800 000 euros par mois à ce clan. Les « Sabatino-Carvelli » résidant dans ce quartier se fournissaient auprès des familles mafieuses du Sud de l’Italie. On peut voir la photo du chef de clan ci-dessous (provennant du journal il corriere della sera).
La famille calabro-milanaise disposait d’une organisation pyramidale et les rôles étaient strictement répartis. Des mineurs transportaient la drogue et faisaient le guet pour prévenir de l’arrivée des forces de l’ordre. Les adolescents étaient fascinés par le prestige dont disposait la famille Sabatino-Carvelli.  Le clan était aussi en mesure de fournir d’autres familles à Trieste dans le Nord-Est de l’Italie.
Au mois d’avril 2007, les policiers avaient déjà saisi trois kilos de cocaïne et avaient arrêté Anna Lucciani, 61 ans, considérée comme le chef du clan. Surnommé « mamy cocaïne », elle a été depuis condamné à 9 ans de prison. L’un des chefs qui la remplaçait a été retrouvé attaché à un arbre, une balle dans la tête. Il n’avait pas honoré un achat de drogue évalué à 300 000 euros.

Ces faits amènent à trois réflexions :

– En matière de consommation, les politiques prohibitionnistes ne semblent pas efficaces. En effet, personne n’obligeait les clients à se rendre dans ce quartier pour acheter de la drogue.
– La mafia utilise les femmes et les mineurs sans aucune retenue (art. De la mafia calabraise, de la mémoire et des femmes ).

– La mafia est bien présente dans le Nord de l’Italie.

Opération Anaconda

Le 11 juin 2008, les carabiniers de Cosenza ont arrêté 32 personnes liées à la ‘ndrine Cicero. La police attribue le meurtre d’Angelo Cerminera survenu le 4 octobre 2004 à cette famille mafieuse calabraise. La victime a été, en réalité, assassinée à la manière mafieuse dite de la « lupara biancha », c-à-d que les autorités ne retrouvent jamais le cadavre.
La ‘ndrine Cicero avait une base logistique en Espagne et elle a constitué un cartel mafieux avec les autres ‘ndrines de Cosenza : les Patitucci, les Bella-Bella et les Lanzino-Purna.
Les carabiniers ont mis fin à un vaste réseau de distribution de drogue et aux opérations de blanchiment qui découlent de ce genre de trafic. Ils ont, par ailleurs, saisi un complexe résidentiel, une discothèque ainsi qu’un magasin de matériaux de construction.

Enfin, cette famille mafieuse calabraise avait mis sur pied une banque occulte. Les militaires ont mis en évidence une trentaine de crédits usuriers ouverts au dépend d’entrepreneurs de la région. C’est la raison pour laquelle les carabiniers ont appelé leur opération « Anaconda », ce serpent géant qui étouffe ses proies à l’image des débiteurs qui sont étouffés par les dettes. Les prêts usuriers rapportent quatre milliards d’euros par an à la ‘Ndrangheta. Celle-ci est la première banque des chefs d’entreprise calabrais !

En Italie, il est interdit de « cultiver son jardin »

Le 8 avril 2008, les sections pénales de la Cour de cassation se sont réunies en assemblée plénière. Elles ont débouté la requête d’un citoyen qui souhaitait cultiver du cannabis à domicile à des fins d‘usage personnel. Tout commence en 2003, un jeune homme de Vigevano à côté de Pavia est condamné à quatre mois de prison et mille euros d’amendes pour avoir cultivé du cannabis chez lui. Depuis, la procédure judiciaire était arrivé en cassation.

Le collège de magistrats a décidé donc d’appliquer la ligne prohibitionniste. « Constitue une conduite pénalement majeure toute activité de culture non autorisée de plantes à partir desquelles il est possible d’extraire des substances stupéfiantes même dans le cas où le produit recueilli serait à usage personnel ». La Cour suprême a donc statué sur un sujet controversé. Si la loi italienne est claire sur les problèmes de consommation, elle ne l’était pas sur la production
[1]

Cependant, dans cette affaire, le procureur de la République était lui aussi favorable à la dépénalisation de la culture à des fins personnelles ! En effet, en Italie, la drogue coule à flot et les politiques prohibitionnistes sont vouées à l’échec.
Il reste à inventer une autre politique sanitaire pas seulement en matière thérapeutique (cf. Le cannabis thérapeutique contre la criminalité organisée en Italie). Cette politique ne peut être basée que sur une forme décomplexée de régulation. Cela signifie qu’il faut accepter qu’il y ait toujours de la consommation…

PS : Ci-dessus, la gravure de Moreau le Jeune (1787) illustre Candide l’oeuvre de Voltaire. Dans ce conte philosophique, le protagoniste trouve le bonheur sur terre en faisant fi de la morale divine. Plutôt que de s’occuper des choses méthaphysiques, il faut mieux « cultiver son jardin« . Nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes. La drogue existe malgré la prohibition : et si la puissance publique régulait?.


[1]Depuis le référendum de 1993, l’Italie vivait sous un régime de dépénalisation des drogues dites « légères ». La consommation des drogues « dures » était punie par des sanctions administratives. Puis, le gouvernement de centre-droit (2001-2006), avec la loi Fini-Giovannardi, a aboli la distinction entre drogues « légères » et drogues  » « dures », pénalisant de facto la consommation du cannabis.

De la Camorra et des cols blancs

Le 27 février 2008, les carabiniers ont arrêté Ciro Fierro, 24 ans mais déjà un camorriste de haut rang. Il appartient au clan des « sécessionnistes » de la Camorra napolitaine (cf.Les clans de la Camorra en recomposition). Depuis 2005, ce clan se livre à une guerre contre le clan Di Lauro dans le quartier populaire de Secondigliano. Il a été arrêté dans les région des Marche dans le centre de I’Italie sur la carte à gauche. Cependant, Il est difficile de croire que Fiero se mettait au vert. Il se livrait à une opération d’infiltration dans la ville de Civitanova dans la région des Marche. Il était en possession de deux kilos de cocaïne, de 59 000 euros en liquide et de deux pistolets (un calibre 9×21 et un 38 ) dont les deux numéros avaient été limés.

Le 6 mars 2008, les carabiniers du Ros, spécialisés dans l’action contre le crime organisé, ont arrêté trois camorristes de haut rang de la ville de Nola. Parmi eux figurent, Domenico Russo, Giovanni Pandico et Salvatore Russo, le fils du boss déjà emprisonné.

Les carabiniers ont aussi procédé à la saisie de biens pour une valeur estimée à 300 millions d’euros. Certains des biens sont des supermarchés de la marque Deco, des agences immobilières, des terrains, des appartements et des voitures de luxe. Les enquêtes ont mis à jour des comptes bancaires en Italie et en Suisse. Les enquêteurs ont découvert des violations des normes contre le blanchiment de la part des banques de connivence.
En effet, sans la complicité des « cols blancs », la mafia n’existerait pas.


Ps : le calibre 9mmX21 IMI (98 FS) est un calibre « civil » spécifiquement utilisé dans des armes de poing italiennes (Beretta). Cette munition a été développée car les tireurs sportifs italiens n’ont pas accès aux munitions « de guerre » comme le 9mmX19 (9 mm parabellum) qui équipe l’OTAN (ce n’est pas le cas en France ou tout membre de la FFTir remplissant les conditions nécessaires peut acquérir des armes militaires, dans la mesure où elles ne peuvent tirer en rafale) . Les capacités techniques de cette munition sont identiques à celles du 9 mm parabellum, mais ne peuvent être chambrées dans une arme militaire. Tout cela est dû à la « curiosité » de la législation sur les armes en Italie. C’est pour cette raison que l’on ne trouve le 9X21 imi qu’en Italie. Il n’est donc pas surprenant de retrouver cette munitions dans les mains de mafieux (elle a sans doute été dérobée), Rodier (Alain), cf2r.
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