Articles avec le tag ‘‘Ndrine’

Violence programmée à Scilla en Calabre

Le 15 juillet 2009, deux jeunes calabrais d’origine rom ont un rendez-vous. En pleine après midi, à bord d’une fiat panda, ils quittent la route nationale 18 qui parcourt le littoral thyrénéen de la Calabre. Après quelque centaines de mètres, les coups de feu retentissent. A 15 ans et à 22 ans, Francesco et Vincenzo avaient rendez-vous avec la mort. Ils ont été exécutés chacun d’une balle dans la nuque. La route étant en sens unique, les tueurs sont probablement répartis  en moto sur la route nationale afin de prévenir leur référent que le travail avait été fait. On ne connaît pas le motif de cette exécution typiquement mafieuse. L’adulte était connu des services de police pour des petits larcins. L’hypothèse la plus probable est que les victimes aient commis un vol non autorisé par le clan de la zone. Le journaliste Giuseppe Baldessaro va jusqu’à écrire que les deux jeunes avaient commis un larcin sur le territoire d’un clan rival de celui qui les a assassiné… En somme, en tant que clan mafieux, je démontre mon pouvoir en assassinant des voleurs ayant agi contre un clan rival.

En réalité, le clan en question a commis un acte de « violence programmée ».  Les  sicaires ont agi sur une route isolée pour ne pas être vus. Le lieu n’était pas si isolé puisque la plage est en contre-bas. On a certainement entendus des coup de feu…. Accompli en pleine après midi, le double assassinat a fait la une des journaux du soir. En ville, on ne parle que de cela. Le nom du clan qui s’arroge le droit de « vie ou de mort »  sur ce territoire raisonne dans les esprits des populations.


United of colors of dealers

Le 11 juin 2009, la direction des enquêtes antimafias de Reggio (DDA) a saisi 300 kilos -record 2009- de cocaïne « purissime » (comme disent les Italiens)… sur un voilier en provenance d’Amérique du Sud. La drogue, habilement cachée dans un double fond en résine, était destinée à la ‘Ndrangheta, la mafia « number one ». La saisie est  le fruit d’une collaboration internationale des forces de l’ordre et de plusieurs polices italiennes (Gardes des finances et service central des enquêtes de la criminalité organisée de la police).
Sources : Stefano Idili  (algheronotizie.it).

Le 26 juin, la magistrature italienne a arrêté 49 personnes de diverses nationalités pour un trafic international de stupéfiants (cocaïne et haschish). L’enquête qui a duré cinq ans a permis de saisir une tonne de drogue. Le magistrat antimafia Graterri a pris un mailn  plaisir a rappelé que ce sont les écoutes téléphoniques qui ont permis de mener à bien cette enquête; faisant référence au projet de loi du gouvernement italien visant à limiter ces écoutes… (site en français)
Les clans calabrais (Commisso, Mazzaferro de Gioisa Jonica et Cataldo de Locri) et  les clans napolitains (Bianco-Baratto du quartier de Fuorigrotta) collaboraient pour faire venir la drogue par bateaux (dans le port de Salerne) ou par autobus. Le ‘ndrines (familles mafieuse  calabraises) en particulier de la côte ionniene (‘Ndrangheta transnationale) jouent encore un rôle fondamentale dans la coordination de toutes les formes de criminalités mondiales comme en témoigne la liste des personnes mises en examen.
Regardez plutôt : c’est « united color of traffickers » :

A… Rocco Francesco, Marina di Gioiosa Jonica (Reggio Calabre);
A… Salvatore, Marina di Gioiosa Jonica (Reggio Calabre);
A… Alessandro, Napoli : Naples;
A… Massimiliano, Napoli;
A… Ahmed, Ait Driss (Maroc);
B… Hafez, Egyte;
B… Stefano, Conlombien
B… Andres Juan, espagnol;
B… Antonio,Napoli;
B… Ermanno, Napoli;
B… Raffaele, Napoli;
C… Pietro, Marsala (Trapani Sicile);
C… Francesco, Gioia Tauro (Reggio Calabria);
C… Salvatore, Locri (Reggio Calabria);
C… Francesco, Napoli;
C… Francesco, Marina di Gioiosa Jonica (Reggio Calabria);
D…  Ciro, Napoli;
D… Francesco, Padova;
D… Francesco, Galatro (Reggio Calabria);
D… Vincenzo, Napoli;
D… Antonio, Nusco (Avellino);
D… Sergio,Napoli;
E… Fallah, Beni Said (Marocco);
F… Roberto,  Napoli;
F… Salvatore, Gioiosa Jonica (Reggio Calabria);
F… Salvatore, Villabate (Palermo);
F… Vittorio, di Palermo;
G… Tommaso, di Sperone (Avellino);
I… Cosmo,  di Napoli;
I… Sandro,di Locri (Reggio Calabria);
K… Zukhra, né en Russie;
L… Carlo, Napoli;
L… Amedeo, Cinquefrondi (Reggio Calabria);
M… Ciro,Napoli;
M… Gaetano, Napoli;
M… Gennaro, Napoli;
M… Luca,  Napoli;
M… Vittorio, Marsala (Trapani);
N… Marcel Yves, Lyon (Francia); Arrestation en France, rien de plus…
P… Salvatore, Locri (Reggio Calabria);
P… Sebastian, Montevideo (Uruguay);
S… Fernandez Oscar,  Barcellona (Spagna);
S… Michele, Napoli;
S… Antonio, Cercola (Napoli);
T… Augusto, Villa Literno (Caserta);
V… I Perea Josep Maria, Girona (Spagna);
Z… Giuseppe, Locri (Reggio Calabria);
J… Bavi, Ahwaz (Iran).

Au conseil municipal : « tous mafieux »

Au mois de mai 2009 le ministère de l’Intérieur italien a dissous le conseil municipal de Taurianova, une petite ville de la province de Reggio en Calabre. (le long de la mer thyrénienne dans l’arrière-pays de Gioia Tauro sur la carte) Le conseil municipal de Taurianova avait déjà été dissous en 1991, l’année de la mise en place de ce dispositif législatif qui permet de lutter contre les relations politico-mafeuses (les complictés entre élus et mafieux). En 2008 une commune proche de Taurianova a connu le même sort ( Le port-conteneur de la ‘Ndrangheta )

Lorsqu’un conseil est dissous, les citoyens ne retournent pas aux urnes immédiatement. En l’occurence, la commune est placée sous la responsalbilité de commissaires d’état venus de Rome pour les 18 mois à venir. Le ministre de l’Intérieur justifie cette décision : « le danger que les clans de la mafia calabraise conditionnement de la libre expression du vote est trop grand« . En effet, un rapport d’un commissaire enquêteur est sans appel :  » au sein de conseil municipal : tous ou presque sont mafieux!« . Au cours des élections municipales de 2007, le maire adjoint promettait des faveurs au chef mafieux de la zone, avantages qui ont tous été accordés depuis. En échange, le mafieux a activement participé à la campagne électorale. Il faut dire que le maire de la ville est le même que celui qui était en poste quand le conseil municipal fut dissous une première fois…

La commune aurait été très peu regardante en matière de constructions abusives de la part de citoyens ayant des liens de parenté avec la mafia. Par ailleurs, une des employés de la mairie a falisifé les rapports afin de montrer que des travaux publics étaient conformes à des appels d’offres publics alors qu’en réalité, ils ont tous été attribué à des sociétés dont les propiétaires sont proche du clan.

Régidé à partir des informations de Monica Centofante de http://www.antimafiaduemila.it/


Opération Isola

– Depuis un an, les forces de l’ordre ont découvert de multiples arsenaux appartenant au clans de la mafia calabraise (Un arsenal de la mafia calabraise découvert).

– La mafia calabraise dispose d’importants réseaux de complicité comme en témoigne l’arrestation d’un membre des forces l’ordre (L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie..)

– Enfin, les ‘ndrines sont fortement présentes dans le Nord de l’Italie ou banquiers, entrepreneurs sont complices (Exécution mafieuse en Lombardie ).


Gambizzazione

Le 10 avril 2008, un employé de la municipalité de Reggio en Calabre récupère sa voiture après une journée de travail. Soudain, des inconnus surgissent sur un scooter et tirent 7 projectiles dont trois atteignent le fonctionnaire aux jambes. Il arrive cependant à conduire son véhicule pour se rendre à l’hopital.

Les tireurs ne sont pas doués? Non, en réalité, la victime vient être « gambizzato » (de « gamba »: « jambe » en italien). La « gambizzazione » c’est à dire le fait de commettre une blessure à la jambe avec une arme à feu (mais aussi avec une arme blanche) est une étape dans l’application de la « violence programmée » par la mafia ( Violence programmée ). Il s’agit très certainement d’une tentative d’intimidation, un avertissement pour que la victime se plie aux demandes du clan de la zone; prochaine étape la mort.

Le fonctionnaire est responsable des programmes de construction et des de travaux publics, une des activités fondamentales pour les clans mafieux ( Un chantier de travaux publics saisi en Calabre ). Cette agression très grave fait suite à d’autres. Ces derniers mois, la voiture d’un chef d’entreprise et d’un architecte, lui aussi fonctionnaire chargé de l’urbanisme à la mairie, ont été brûlée.

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L’Italie et les stéréotypes

Le 29 janvier 2009, l’Etat italien a gagné 3 millions d’euros. En effet, le centre opérationel de la Direction des enquêtes contre la mafia de Reggio a confisqué (à titre définitif) le patrimoine d’Antonio Crea, 45 ans, un boss de la ‘ndrine Crea. Les biens mafieux sont estimés à 3 millions d’euros. Les magistrats ont révélé que l’entreprise mafieuse Crea s’imposait sur le marché par le biais de l’intimidation afin d’exclure les concurrents ou en investissant des capitaux illégaux. Les enquêtes pointues des policiers ont permis de mettre en évidence la différence entre les revenus déclarés et le patrimoine mafieux. Antonio Crea a été mis en cause dans le cadre de plusieurs enquêtes antimafias. Deux collaborateurs de justice (des « repentis ») ont signalé le rôle hierarchique important de ce mafieux. Antonio Crea serait un « vangelo « ou « evangelista » Antonio Crea est le cousin de Teodoro Crea, chef de la ‘ndrine, la famille mafieuse de Rizziconi qui a fait l’objet d’un excellent reportage diffusé sur arte. Dans ce documentaire, on peut suivre le quotidien des policiers qui enquêtent pendant 7 ans sur la famille mafieuse Crea. En sept ans : un seul meurtre et la construction du plus grand supermarché de Calabre.
Afin de ne pas faire de l’Italie un stéréotype criminel, il convient de signaler que l’enseigne de cette grande surface n’est pas italienne…

Fin de l’esprit de Noël

Le 04 janvier 2009, à Roggiano Gravina, dans la province de Cosenza en Calabre, deux personnes sortent d’une brasserie sur la place principale et s’apprêtent à monter dans leur véhicule quand surgissent deux tueurs (douilles de deux calibres). Les cibles esssuient un déluge de projectiles et meurent sur le coup. Il semble s’agir d’un meurtre de ‘Ndrangheta. L’une des victimes, Vincenzo Chimenti, 52 ans surnomé « pettinicchio » (petit peigne) en raison de l’attention particulière qu’il portait à sa coiffure, avait un rang important au sein d’une ‘ndrine, une famille mafieuse calabraise… la suite bientôt.

La folle semaine de la ‘Ndrangheta en voyage

3. Un café au gout amer ?

Le 26 novembre, le journal la Repubblica signalait que l’un des symboles de la « Dolce vita », le café de Paris (en photo), situé rue Veneto juste à côté de l’ambassade des Etats-Unis, serait entre les mains d’un clan de la mafia calabraise. D’après le GICO, le groupe de la Garde des finances spécialisé dans la lutte contre le crime organisé, le café de Paris aurait été racheté par la ‘ndrine Alvaro de Sinopoli ( N°111. Violence programmée ) par le biais d’intermédiaires légaux. Après une enquête patrimoniale, des agents jouant aux clients ont pu observer comment un des serveurs contrôlait les alentours pour savoir si l’établissement était sous surveillance policière. Le propriétaire du Café de Paris a démenti cette accusation et a obtenu un droit de réponse dans le journal la Repubblica.

Plus généralement, l’Observatoire pour la sécurité et la légalité dans la région de Rome affirme que la capitale italienne a été l’objet d’un partage entre la mafia calabraise et la mafia napolitaine. Les ‘ndrines, les familles mafieuses calabraises, ont investi des millions d’euros provenant du trafic de drogue dans des restaurants et des pizzerias dans le centre de Rome. Les clans de la Camorra, en particulier celui des Casalesi ( Une victoire de l’Etat contre les Casalesi ) ont investi dans les petites et moyennes surfaces dans la banlieue de Rome. Une grande partie de l‘économie légale de la région est infiltrée par les mafias.

La folle semaine de la ‘Ndrangheta et de ses complices…

2. Un vote = 40 euros

Toujours le 25 novembre, dans le cadre de l’opération Perseus, les magistrats ont apporté des éléments de preuve concernant les complicités politiques dont bénéficient les mafieux. En effet, d’après plusieurs collaborateurs de justice, le chef mafieux Francesco Russelli, aurait appuyé un homme politique au cours des dernières élections locales de 2006. Dans le secteur de Panapice, le clan aurait scellé un accord avec le candidat Giuseppe Mercurio (Democratici di Sinistra) qui a été élu sur une liste par 450 voix de préférence (l’électeur italien peut choisir des noms sur une liste selon ses préférences…). A chaque fois que le candidat obtenait 50 voix, le clan était rémunéré de 2 000 euros soit 40 euros pour chaque vote. Ce procédé est réprimé par la loi, article 416 ter du code procédure pénale italien. Le délit d’échange électoral politico-mafieux a été voté en 1992 après la chute de l’Urss. L’Etat italien, qui n’avait plus besoin de la force électorale mafieuse qui avait permis de contenir le communisme pendant 50 ans, fit un geste symbolique.

En réalité, ce délit est rarement constaté par la justice. Les mafieux font élire des hommes politiques qui, une fois élus, attribuent des appels d’offre aux entreprises contrôlées par les clans. Peut-être s’agissait-il de vérifier que les mafias sont toujours capables de faire élire un politicien ? Pari gagné.

La folle semaine de la ‘Ndrangheta

1. Tour de table macabre

Le 25 novembre, la police a arrêté 24 personnes appartenant à un cartel de familles mafieuses. Originaire de Papanice dans l’arrière-pays de Crotone en Calabre, le cartel semble être devenu maître du chef lieu après un affrontement avec une faction rival ( La guerre des ‘ndrines de Crotone n’épargne pas les enfants ).

Cette hégémonie a fait perdre la raison aux capo-societa (chefs de famille). Ces derniers avaient commencé un tour de table des différentes familles pour payer un tueur. Celui-ci aurait dû assassiner le magistrat Pierpaolo Bruni.

Ce sont des écoutes (téléphoniques et autres) et les déclarations d’un collaborateur de justice (« repenti ») qui ont permit de déjouer le complot. La police a saisi une plantation de cannabis (estimé à 1 million d’euros), un bazooka, un fusil à lunette qui devait être utilisé pour tuer le magistrat. Les policiers ont aussi procédé à de nombreuses perquisitions à l’encontre d’entrepreneurs et de fonctionnaires. Tous sont impliqués dans un scandale financier dans le cadre de la construction d’un site touristique… suite demain.

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